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Littératureet Romans & Nouvelles  

L’Année de l’Éducation sentimentale
de Dominique Barbéris
Gallimard - Blanche 2018 /  12,50 €- 81.88  ffr. / 125 pages
ISBN : 978-2-07-276774-6
FORMAT : 14,0 cm × 20,5 cm

Les choses de la vie…

Un roman délicat et subtil, court roman ou longue nouvelle, qui met en scène trois quinquagénaires, le temps d’une soirée d’été sous un arbre.

Muriel vient chercher à la gare ses deux amies de fac, Anne et Florence : «Elles suivaient «le cours de Boulis» sur l’Éducation sentimentale ; la «bande» y était au complet ; elles s’asseyaient au premier rang, Florence parce qu’elle était myope et ne voulait pas correspondre au profil de l’intellectuelle à lunettes qui n’intéresse pas les garçons, Anne parce qu’elle était amoureuse de Boulis, Muriel parce qu’elle suivait les autres».

À la suite de leurs études littéraires au début des années 80, leurs parcours se sont séparés, les liens distendus, sans être rompus. Muriel a fait un «beau mariage» avec le séduisant Jean-Louis ; beau mariage qui lui a valu une jolie maison à la campagne, des enfants et, on le découvre par petites touches, une vie insatisfaisante aux côtés d’un mari volage. Une vie bien loin de ses ambitions de jeunesse. Florence enseigne les lettres, tristement mariée elle aussi à l’indifférent Bertrand, aimable butor ; Anne est demeurée célibataire, elle est universitaire, exemple de la réussite professionnelle dont elles avaient rêvé naguère.

Chacune des trois se téléphone régulièrement, parle de l’autre, commente les menus actes du quotidien. Ici, alors que l’orage va éclater et que l’atmosphère s’alourdit de chaleur, elles se retrouvent le temps d’un dîner, dans ce cadre bucolique, à l’ombre d’un arbre apaisant. Un passé commun : un cours sur L’Éducation sentimentale (elles ont aujourd’hui l’âge des héros à la fin du livre), un voyage en Italie, le souvenir d’un bel italien, Maurizio. Elles partagent le sentiment, jamais exprimé mais qui s’installe en filigrane, d’avoir vécu alors le meilleur de leur vie (renvoi à la célèbre phrase finale du roman).

Des vies banales, la mort qui passe, récente, celle d’Éric, ami/amant d’Anne étudiante. Des regrets à défaut d’avoir des remords. La jeunesse éclatante et nonchalante d’Hugo, le fils de Muriel, qui les écoute vaguement avec courtoisie avant d’aller rejoindre sur Skype son amie Sybille, en séjour étudiant à Stanford : autre génération, autres mœurs…

Dominique Barberis explore avec humour et tendresse trois destins féminins, trois figures possibles de Madame Arnoux et de Frédéric Moreau, les héros de Flaubert, plongés dans la France au tournant du XX et du XXIe siècles

Marie-Paule Caire
( Mis en ligne le 05/02/2018 )
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