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Littératureet Romans & Nouvelles  

Les Joies simples
de Félicie Dubois
Bourin Editeur 2018 /  16 €- 104.8  ffr. / 120 pages
ISBN : 979-10-252-0391-0
FORMAT : 13,0 cm × 20,0 cm

L’auteur du compte rendu : Arnaud Genon est docteur en littérature française. Il enseigne actuellement les lettres et la philosophie en Allemagne, à l’Ecole Européenne de Karlsruhe. Visiting Scholar de ReFrance (Nottingham Trent University), il a notamment publié Hervé Guibert, l'écriture photographique ou le miroir de soi (Presses Universitaires de Lyon, en collaboration avec Jean-Pierre Boulé, 2015) et un roman, Tu vivras toujours (La Rémanence, coll. Traces, 2016).

Une partie de campagne

Les bonheurs, les joies, les plaisirs simples sont souvent les meilleurs. Contempler un paysage où «se rejoignent le ciel et la terre», s’adonner au spectacle du changement de la lumière, se laisser aller aux cycles, au rythme de la nature, boire un verre de «Calva» avec le voisin venu à l’improviste nous rendre visite, être avec les gens, partager avec eux l’essentiel, le superficiel… Autant de petites rencontres, de petits rendez-vous auxquels les grandes villes et nos vies hyper-connectées nous ont déshabitués…

Lasses de la vie parisienne, la narratrice et sa compagne ont décidé, «au début du troisième millénaire après Jésus-Christ», de s’installer à Sainte-barbe, «une commune du Pays d’Auge, entre mer, marais et bocages». Là, après s’être rapidement intégrées, elles mènent la vie simple des gens simples, des «humbles, du latin humus, ‘fils de la terre et du sol’», rythmée par la nature, les rencontres, les fêtes, les conseils municipaux, les dimanches d’élections et parfois aussi, la disparition des habitants du village.

A l’instar de la narratrice, le lecteur se familiarise avec les figures attachantes de cette communauté rurale, La Mouche – habitant souffrant d’une maladie génétique des os, ainsi surnommé car venant constamment demander quelque chose à boire –, Yvon, le bougon au grand cœur, Madame Poulain, taiseuse ou intarissable selon les circonstances, Lucien Desforges, le sympathique maire de Sainte-Barbe, et mademoiselle Leclerc, sa secrétaire dévouée, ou encore Grégoire Nicol, le voisin agriculteur au tragique destin. On s’amuse avec eux, on partage leur tristesse. La narratrice les peint avec beaucoup d’attention, les présente dans leurs gestes et leur langue avec empathie et tendresse.

Il ne faut pas croire que Les Joies simples soit le roman – ou l’autofiction – d’une vision idyllique de la vie à la campagne. Une violence sourde se promène dans les chemins des fermes qui disparaissent, des communes que l’on regroupe au détriment des citoyens qui y vivent, des hommes et des femmes qui y meurent abandonnés du reste du monde. Certes, tout n’est pas parfait dans ces zones reculées, mais ici on échappe à «la dématérialisation de l’humain», à sa «désincarnation»

Les Joies simples est un roman qui porte bien son titre. On ressort de cette lecture ragaillardi et attendri, séduit par cette évocation juste et sincère d’un univers si loin et si près de nous. C’est le genre de livre qui fait du bien et nous réconcilie avec la nature des hommes. C’est simple et ça fonctionne. ''Les Joies simples'' sont souvent les meilleures…

Arnaud Genon
( Mis en ligne le 13/04/2018 )
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