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Littératureet Romans & Nouvelles  

Là où les chiens aboient par la queue
de Estelle-Sarah Bulle
Liana Levi - Piccolo 2019 /  11 €- 72.05  ffr. / 296 pages
ISBN : 979-10-349-0175-3
FORMAT : 12,0 cm × 18,0 cm

Première publication en août 2018 (Liana Levi)

La ''terre des chimères''

Un premier roman aux accents autobiographiques d’Estelle-Sarah Bulle, métisse comme son héroïne, la narratrice, née d’un père guadeloupéen et d’une mère du Nord de la France. Un roman «choral» en quelque sorte, dans lequel Estelle-Sarah Bulle donne la parole aux différents membres de sa famille pour raconter leur histoire et leur vérité. Celle de la famille Ezéchiel, issue du bout de Morne-Galant. «Encore aujourd’hui, les Guadeloupéens disent de Morne-Galant : ''Cé la chyen ka jappé pa ké''. Je te le traduis puisque ton père ne t’a jamais parlé créole : ''C’est là où les chiens aboient par la queue''». Une quête des origines pour la narratrice qui après la naissance de son premier enfant ressent l’envie d’en savoir davantage sur Morne-Galant où, une année sur deux, la famille passait un mois de vacances.

Elle donne la parole tour à tour à ses deux tantes, Antoine et Lucinde, à son père Petit-Frère. Chacun se prête au jeu, raconte son histoire, sa version de son enfance, de son entrée dans l’âge adulte, de sa relation avec leur père Hilaire, beau parleur et autoritaire, de la mère disparue jeune, la douce Eulalie, peut-être béké… Où il est question de la variété des populations et des situations sur l’île, les tensions sociales, les inégalités, la violence constante dans les relations, le rôle des femmes.

Les légendes familiales se déroulent au fil des pages dans une langue qui associe français et créole ; les personnalités s’affirment, la plus étonnante étant sans aucun doute la belle Antoine (Antoine est son «nom de savane», pour tromper les mauvais esprits...), femme indépendante et libre, douée pour le commerce, qui a vécu une partie de sa vie à Montmartre.

La quête d’Estelle-Sarah Bulle a pour objet la famille, les liens familiaux mais aussi et surtout l’identité antillaise et plus précisément guadeloupéenne, les formes différentes qu’elle revêt selon que l’on est en Guadeloupe ou en métropole. La Guadeloupe, «terre des chimères», que ses enfants sont souvent contraints de quitter pour l’exil en métropole où se dilue leur identité…

Marie-Paule Caire
( Mis en ligne le 30/10/2019 )
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