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Littératureet Romans & Nouvelles  

L’Aigle de sang
de Marc Voltenauer
Slatkine & Cie 2019 /  22,90 €- 150  ffr. / 510 pages
ISBN : 978-2-88944-094-8
FORMAT : 15,6 cm × 23,1 cm

Le crépuscule des Dieux

A Gryon, village suisse des Alpes vaudoises dans lequel il vit avec son compagnon Mikaël (où se déroulaient déjà Le Dragon du Muveran et Qui a tué Heidi ?), Andreas Auer, jeune inspecteur de police à Lausanne, est confronté un problème existentiel : sa sœur Jessica lui apparend qu’il a été adopté à l’âge de cinq ans. Tout ceci expliquerait ses cauchemars mystérieux et récurrents, ses souvenirs flous qui le renvoient à des événements que son inconscient essaie de faire remonter à la surface.

Il profite de ses vacances pour partir dans la maison familiale sur l’île de Gotland (la terre de Dieu), entre la Suède et l’Estonie, au milieu de la mer Baltique, où se situerait l’origine de son histoire personnelle. Ce territoire suédois regorge de sites archéologiques vikings et de vieilles légendes liées au peuple adorateur de Thor et d’Odin.

En alternance, dans les premiers chapitres : un récit qui se déroule en 1978 avec la création d’un clan viking, «un groupe de jeunes qui se réunissait pour célébrer les dieux et les honorer par des offrandes» ; et l’enquête de nos jours (2016). Les réunions secrètes du clan commencent dans une ambiance festive puis le chef introduit des sacrifices d’animaux, voire même d’êtres humains par le rituel de «l’aigle de sang», en ouvrant la cage thoracique des victimes, pour écarter les côtes et extraire les poumons.

Andreas trouve rapidement son dossier d’adoption mais c’est une fausse piste. Il va exhumer à force de recherches une troublante affaire de la fin des années 70 : une famille entière de six personnes dont deux enfants a été massacrée une nuit, un «cold case» vieux de 37 ans qui a marqué les esprits des témoins de l’époque, dont certains évoquent une mise en scène macabre. Aidé par les policiers suédois, Andreas reprend l’affaire à zéro, persuadé que la résolution de cette énigme le conduira à la vérité sur son passé. «Ce passé mis sous silence avait provoqué chez lui la sensation d’un membre amputé dont il avait constamment ressenti la présence, souvent douloureuse. Aujourd’hui il se sentait à nouveau entier. Dans sa quête d’identité, Andreas avait découvert non pas un passé mais deux, celui de sa famille biologique et celui de sa famille adoptive (…). Cette fois-ci il était prêt à affronter les fantômes du passé».
 
L’écriture est énergique et précise, dans des chapitres courts, datés et bien rythmés par de fausses pistes et des rebondissements. L’intensité dramatique et émotionnelle est là. Il se pourrait que l’on assiste à la naissance d’un modèle de polar typiquement suisse mâtiné d’une touche scandinave, de par la personnalité du personnage principal et celle de l’auteur qui partage les mêmes origines.

Eliane Mazerm
( Mis en ligne le 27/05/2019 )
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