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Littératureet Romans & Nouvelles  

Une partie de badminton
de Olivier Adam
Flammarion 2019 /  21 €- 137.55  ffr. / 376 pages
ISBN : 978-2-08-138247-3
FORMAT : 14,7 cm × 21,9 cm

Pauvre pauvre petit papa

Olivier Adam, en auscultant la «France périphérique» (voir Les Lisières, son meilleur roman à ce jour, selon nous), est peut-être devenu aussi une sorte de porte-parole du mâle occidental en crise. Il poursuit ici le portrait de Paul, double littéraire croisé dans la plupart de ses romans ; piteux portrait d’un quadra dépassé par tout, écrivain has-been, bobo parisien retourné en Province, père inquiet et impuissant, cocu de surcroît. ''Pauvre pauvre petit papa'', lui lance souvent son aînée Manon.

Retour en Bretagne donc, où le cumul des peines dans la vie de Paul est proprement mélodramatique : Manon disparaît, Sarah sa femme le trompe, Aurélien l’ami écrivain maudit décède, une sœur surgit de nulle part, son job de journaliste régional l’ennuie à mourir et des fascistes identitaires s’en prennent à tout le monde ! De fait, le «je» portant le roman est geignard, gris, boudeur et torturé.

La plume d’Olivier Adam est ainsi : analytique, grise grise grise (on ne trouve pas dans ce roman l’autodérision promise par l’éditeur en quatrième de couverture), hyper-contemporaine - ce qui fait le sel mais aussi la limite du récit : nous sommes dans la France de Macron et de FIFA sur PS4, de Kiloutou et Netflix, des iPhones aux batteries neurasthéniques... détails composant une fresque sociologique qui, hélas, est plate ici, convenue, écrasée par une intrigue assez légère et attendue elle aussi. Hélas.

Jean-Paul Dubois et Philippe Djian sont invoqués dans le texte. On devine en effet comme les ombres de ces deux parrains dans les romans d’Olivier Adam : des classes moyennes moribondes dans une société atone, des hommes perdus sur ces panoramas post-modernes. Nous préférons Dubois, de loin. Or cette Partie de Badminton - référence empruntée à Alain Chamfort pour dire la difficulté à vivre, que la vie n’est pas aussi simple que le sport de raquette - ferait plus penser à Djian, l'ironie blasée en moins.

On boude au final ce roman bougon, mais à regret... car on aime bien Paul sous la plume d'Olivier, auteur populaire mais intello, écrivain provincial mais aussi très parisien bobo, touchant homme des lisières.

Thomas Roman
( Mis en ligne le 30/08/2019 )
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