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Littératureet Romans & Nouvelles  

Un mariage américain
de Tayari Jones
Plon - Feux croisés 2019 /  21 €- 137.55  ffr. / 432 pages
ISBN : 978-2-259-27894-2
FORMAT : 13,6 cm × 21,1 cm

Karine Lalechère (Traduction)

Noces de sang

Trois voix portent ce roman, celles de Celestial, Roy et Andre, l’ami de toujours. Chacun raconte son bout d’histoire, son ressenti, ses émotions, ses envies, ses rêves. Roy et Celestial sont amoureux et se marient, leur seul tort étant d’être noirs et issus de la classe moyenne afro-américaine. Après un an de mariage, lors d’un séjour dans un motel, sur le chemin de la maison des parents de Roy en Louisiane, celui-ci est accusé de viol. Bien qu’innocent et malgré le témoignage de Celestial, il est condamné à douze ans de prison. Comment leur jeune relation supportera-t-elle le temps et l’éloignement ?

Commence le temps de la solitude. L’univers carcéral brise les hommes et le reste de la famille, tous emportés par les rouages de la justice. Petit à petit, Celestial aménage sa vie, trouve d’autres centres d’intérêt. Elle lance son affaire de fabrication de poupées noires et se console dans les bras d’Andre. Au bout de cinq ans, Roy est reconnu innocent et libéré. Il veut bien sûr reprendre sa place auprès de son épouse et sa vie d’avant. Réussira-t-il alors à sauver son mariage ?

Le roman soulève des questions intimes. Celestial a-t-elle le droit de briser ses vœux ? Roy peut-il revendiquer ses droits de mari auprès d’une femme qui ne l’aime plus ? Alternant les différents points de vue, dans une atmosphère pesante, l’auteure écrit un récit en trois parties, avec trois personnages principaux. Les différents moyens de communications montrent la détresse de Roy, abattu et trahi par sa couleur de peau, écrasé par les ravages du racisme. Ses lettres portent une thérapie pour reprendre une vie normale.

L’écriture et l’honnêteté de l’auteure propulsent le lecteur dans le monde d’un homme façonné par ses secrets. «Cinq ans, c’est long dans la vraie vie. En prison, ce n’est pas une éternité. C’est une période limitée dont on voit la fin. Je me demande si je me serais comporté différemment si j’avais su que je n’avais que cinq ans à purger. C’est dur d’être à trente-cinq ans derrière les barreaux, mais est-ce que ça l’aurait été autant si on m’avait dit qu’un an plus tard je serais libre. On ne peut pas toujours mesurer le temps avec une montre, un calendrier ou des grains de sable».

Tayari Jones a reçu le Women’s Prize for fiction 2019.

Eliane Mazerm
( Mis en ligne le 27/09/2019 )
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