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Littératureet Romans & Nouvelles  

Mon ancêtre Poisson
de Christine Montalbetti
P.O.L 2019 /  19 €- 124.45  ffr. / 240 pages
ISBN : 978-2-8180-4836-8
FORMAT : 14,0 cm × 20,5 cm

Quête…

Romancière, Christine Montalbetti met son talent au service d’une cause perdue, renouer avec un arrière-arrière-grand-père qu’elle n’a pas connu, et pour cause : il est né en 1833. Sa grand-mère l’évoquait parfois, et dans le récit familial deux anecdotes étaient attachées à ce Jules Poisson, qui, entré à neuf ans et dix mois comme jardinier au Jardin des plantes de Paris, y avait fait une belle carrière de botaniste.

Armée de quelques souvenirs familiaux, et de la volonté de découvrir cet ancêtre, Christine Montalbetti entraîne son lecteur dans un récit alerte et bien écrit qui est celui de sa quête. D’archives en hasards, obsédée par l’instinct du chercheur/chasseur, elle reconstitue, pas à pas, bribes après bribes, la vie de ce Jules dont elle ne connaissait au départ que la carrière.

Elle s’adresse à lui sur le ton de la confidence : «C’est comme une folle conversation avec toi, une tresse joyeuse de nos phrases, qui s’entremêlent». Elle devine le couple qu’il forme avec sa femme, Sophie, institutrice dont elle découvre que, contrairement au récit de la légende familiale, elle n’est pas corse mais lorraine. Elle affronte ce qui a dû être le grand chagrin de sa vie : le départ de son fils, Jules Eugène Adrien, que selon la coutume du XIX siècle on nommait par son second prénom Jules, et qui mourut jeune au Dahomey, laissant une compagne (épouse ?) et un enfant, Emile, né à Ouidah en 1905 et qui deviendra un homme politique béninois, un sénateur. "Il cherche quelque chose, ton fils, je me dis, mais je ne sais pas ce que c’est. Et lui non plus, sans doute. Ou alors, tout au fond de lui, une chose obscure, un remous, il préfère ne pas s’y attarder. Il se la nie dans les voyages, et ses voyages sont à la fois distraction de cette part obscure et son étrange continuation". Le fils voyageur, absent, et le père sédentaire mais qui reçoit des plantes du monde entier… deux façons de vivre sa vie.

Pour Christine Montalbetti, la tristesse qu’elle repère sur les photographies vient de l’éloignement du père et du fils… En arrière-plan passe, décor léger, l’Histoire. Phrase après phrase, une complicité se noue entre l’auteure et son sujet, elle insiste sur chaque point commun, si mince soit-il, et se construit comme la descendante dans une parenté tout autant imaginaire que réelle. La clé de cette recherche obstinée de l’aïeul est donnée dans les dernières pages fort émouvantes, consacrées à la transmission impossible…

Marie-Paule Caire
( Mis en ligne le 28/08/2019 )
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