L'actualité du livre
Littératureet Romans & Nouvelles  

David King s'occupe de tout
de Joshua Cohen
Grasset 2019 /  20,90 €- 136.9  ffr. / 336 pages
ISBN : 978-2-246-81727-7
FORMAT : 14,2 cm × 20,5 cm

Stéphane Vanderhaeghe (Traducteur)

New York-Jérusalem

New York-Jérusalem. Un roman à la géographie explosée, comme l’est la vie des individus qui le traversent et même l’écriture de l’auteur, Joshua Cohen, écrivain juif américain d’origine ukrainienne né en 1980, qui goûte une reconnaissance croissante sur la nouvelle scène littéraire américaine.

David King est un entrepreneur en déménagement, juif new-yorkais, dont le succès dans les affaires tient aussi de pratiques douteuses, notamment la saisie des biens mobiliers des personnes expulsées de leur logement, activité en forte croissance depuis la crise de 2008. Sans réclamation de la part de leurs propriétaires, ces biens deviennent la propriété de l’entreprise King’s Moving qui les revend et trouve là un moyen de faire de belles affaires. A la tête d’une équipe «melting pot» plutôt déjantée, David King sillonne les quartiers de New York, malade d’une vie d’excès et de l’éloignement de sa fille.

Présente dans sa vie comme un souvenir ténu mais persistant, sa judéité se rappelle à lui quand Dina, sa cousine de Jérusalem, lui demande de recevoir à New York son fils, Yoav, qui vient de terminer son service militaire dans l’infanterie de Tsahal. Désireux d’accueillir ce neveu et de retisser ainsi des liens familiaux perdus, King va lancer Yoav dans ses opérations de déménagement, sans l’accompagner vraiment, le laissant à sa solitude. Vacillant jeune homme fragilisé par son passage dans l’armée, Yoav fait venir Uri, un camarade de service militaire, inadapté au retour à la vie civile. Loin de recréer une communauté, ce compagnonnage hors de l’armée va progressivement voler en éclat et se transformer en affrontement.

Roman éructant, comme autant de germes constituant ensemble un gigantesque bouillon de culture qui ne demande qu’à contaminer et se propager, David King s’occupe de tout est sans doute avant tout un roman américain tant la langue et les références qu’il contient sont marquées par une culture d’Amérique du Nord qui ne se laisse pas toujours aisément traduire ou comprendre pour le lecteur français. Les expressions, anglicismes ou américanismes, l’usage fréquent des ellipses et du discours direct, souvent argotique et intégré au récit, rendent la lecture et la compréhension assez laborieuses et tendent à se substituer au récit, devenant le fond-même du discours plutôt que son support.

Amélie Bruneau
( Mis en ligne le 04/09/2019 )
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