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Littératureet Romans & Nouvelles  

Nobelle
de Sophie Fontanel
Robert Laffont 2019 /  19 €- 124.45  ffr. / 280 pages
ISBN : 978-2-221-22182-2
FORMAT : 13,5 cm × 21,5 cm

Le charme suranné d'un roman très parisien

Pour son discours de réception du prix Nobel de littérature, Annette, parisienne, raconte ses dix ans en vacances dans le sud de la France à Saint-Paul-de-Vence, avec ses parents imprimeurs, chez un ami éditeur, père d'un petit Magnus, dix ans aussi, et à proximité d'un écrivain solitaire. Qui plus est, pour son récent anniversaire, elle eut en cadeau "un stylo plume pour Annette qui écrit". Magnus sera "sa muse" et son premier amour.

Tout est donc réunit pour mettre en route une future nobélisable, c'est du moins ce qu'affirme l'héroïne : "et à l'heure où, ici à Stockholm, vous m'assurez que j'ai su... raconter des histoires, permettez-moi de vous en offrir une : une courte histoire d'amour et de littérature qui vous dira, peut-être, ce que je fais ici".

Nobel, nom propre qui ne sera jamais commun, Sophie Fontanel se l'approprie en le féminisant, Nobelle donc, Madame Fontanelle, pour ce roman de rentrée. Frais, charmant, juvénile à souhait mais irrémédiablement et diablement daté seventies, cet ouvrage sensé donner envie aux jeunes plumes de s'exprimer ne donne, au mieux, que le regret à quelques sexagénaires déplumé(e)s de ne pas l'avoir fait. Le manque de modernité, les références obsolètes et l'écriture convenue ne sauraient séduire de jeunes prétendants.

Cependant la lecture est agréable, les chapitres très courts dynamisent la trame et ajoutent de la légèreté à ce portrait d'écrivaine en herbe. Le détail le plus intéressant du roman est la dédicace que fait l'auteure à Minou Drouet, déterrant (au sens figuré, ladite personne est septuagénaire) une poétesse âgée de huit ans, qui défraya la chronique en 1956 en publiant chez Juliard un recueil de poèmes Arbre, mon ami, qui connut un succès immédiat en librairie, rivalisant avec le roman publié chez le même éditeur, Bonjour tristesse, de la toute jeune Françoise Sagan, alors âgée de dix-huit ans.

Il est fait référence tout au long du roman à la polémique qu'engendra cette publication dans la sphère littéraire française, l'authenticité de ses écrits étant attribuée à la mère adoptive de Minou. D'André Breton à Jean Cocteau, du magazine Elle au Figaro, chacun tente de saluer la performance ou de dénigrer la supercherie. Marie-Noëlle Drouet, après quelques brèves apparitions dans les médias soixante-huitards, va tomber dans l'oubli et du coup ne jamais avoir un prix Nobel de littérature...

Raymonde Roman
( Mis en ligne le 02/09/2019 )
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