L'actualité du livre
Littératureet Romans & Nouvelles  

Maître des eaux
de Patrick Coudreau
Manufacture de livre 2020 /  16,90 €- 110.7  ffr. / 212 pages
ISBN : 978-2-35887-592-9
FORMAT : 14,1 cm × 20,0 cm

Jalousie et vengeance

Passionné par l’ornithologie et la nature, Patrick Coudreau a écrit trois recueils de poésie et publie ici un premier roman dans lequel on devine un écrivain en devenir même si le récit est un peu faible et caricatural. Un potentiel à développer donc. «Mathias Grewicz enrage. L’inondation a tué les bêtes, détruit des cabanes, mais pas un seul habitant n’y a laissé sa peau. Ce n’est pas ce qu’il a demandé au ciel l’autre soir quand il lui a parlé».

Matthias, trentenaire, revient à Brissole, petit village du Sud de la France, quitté vingt ans plus tôt quand la ferme familiale a brûlé et que sa famille a péri par la faute de quelques paysans jaloux. Il a vu les assassins et veut se venger. Comme son grand-père Ladislas, il a le don de parler à l’eau, aux rivières... mais cette fois-ci la Tournèze n’a pas tout à fait obéi.

La famille Grewicz prospérait, avaient des méthodes d’élevage moderne, le matériel était propre. Ils avaient le tort d’être «étrangers» au village, Juifs de surcroit, haïs par les concurrents qui n’attendaient qu’une chose : leur faire la peau. Un racisme ordinaire et rural teinté d’envie et de jalousie contre ceux qui ne sont pas nés ici, et dont la réussite n’est donc pas ''normale''.

Mais les villageois ont repéré Mathias et, sa vengeance ayant échoué, il est traqué par plusieurs hommes qui ont participé au drame vingt ans plus tôt en oubliant un bidon d’essence. Ils sont armés de fusils et veulent simplement le tuer. Dans sa fuite, seule Lia, treize ans, la belle-fille du maire, lui apporte des soins et de la nourriture. Comment contenir une horde de fous furieux dans cette nature accidentée, magnifique mais hostile ?

L’auteur dresse un portrait au vitriol des assaillants, exagéré dans l’accumulation des tares et de leur méchanceté. Mathias n’a pas assez de hargne pour leur tenir tête. Pourra-t-il leur échapper ? Malgré l’écriture prometteuse au début, le récit s’enlise, s’éternise, les péripéties et le suspens manquent. Le roman aurait pu être plus mouvementé, varié, coloré. C’est dommage car les descriptions de paysages sont réussies. C’est un roman rural noir qui se laisse lire et qui conviendra plutôt à des adolescents.

«Et puis les Grewcz sont arrivés. Ils ne travaillaient pas comme les autres. Ils avaient des méthodes modernes avec de belles installations pour produire dans les meilleures conditions d’hygiène possibles. L’hygiène, tout le monde s’en fichait à Brissole (…). Et leur viande était de meilleure qualité que celle des bouchers installés. Lorsqu’il y a eu des contrôles sanitaires, les autres se sont fait taper sur les doigts».

Eliane Mazerm
( Mis en ligne le 12/02/2020 )
Droits de reproduction et de diffusion réservés © Parutions 2024
www.parutions.com

(fermer cette fenêtre)