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Littératureet Romans & Nouvelles  

L’Homme des jours heureux
de Jean-Pierre Milovanoff
Grasset 2020 /  16 €- 104.8  ffr. / 137 pages
ISBN : 978-2-246-86225-3
FORMAT : 12,0 cm × 18,5 cm

Un majordome érudit

Jean-Pierre Milovanoff, prolixe écrivain nîmois, situe son dernier roman dans le midi encore. Il fait ici le portrait de Monsieur Chardin, soixante-six-ans, dans une prose sobre mais toujours aussi émouvante.

«Je sais ce que je vaux et crois ce que l’on m’en dit», disait Corneille, ce qui pourrait convenir parfaitement à Monsieur Chardin, car, malgré son âge, il porte beau, toujours élégant, et sait juger les autres. Il vit dans une grande bastide, chez Madame Delphine Campbell, l’héritière des soies Campbell, un caractère difficile mais une femme généreuse avec lui. Leurs brouilles ne durent jamais longtemps. A la fois son secrétaire et son homme à tout faire, il joue le rôle de faire valoir, assis à sa gauche dans les grands dîners, car sa mémoire infaillible et sa grande culture (il a passé l'écrit de l'agrégation de lettres) lui permettent de jouer ce personnage original, sans attache, à l’aise au théâtre ou comme plombier. Seuls les envieux le traitent de parasite.

Bien sûr, parfois les responsabilités lui pèsent, avec Madame qui trouve souvent un sujet de mécontentement, un problème qui ne le regarde pas mais qu’il doit régler ; les années sont lourdes, la fatigue le gagne. Mais il est amoureux de la nièce de sa patronne, Gina, une joyeuse trentenaire excentrique dont l’attirance envers cet homme mûr s’éteindra bien vite. Lui, il se dit que c’est son dernier amour.

Il était enfant à la mort de sa mère et sa voisine d’antan, qui l’a élevé, vient de se pendre. «Chardin s’enferme dans sa chambre pour ne pas être dérangé pendant son chagrin. Savoir qu’il ne reverra plus Madame Farrel l’attriste profondément et il se reproche de l’avoir négligée l’année où elle avait le plus besoin de lui. Dans sa peine, il vient à se demander si ce délaissement ressenti comme un abandon n’a pas conforté en elle le désir d’en finir». Une proposition artistique au festival off d’Avignon de juillet 2018 le transforme en un clown Panikov qui enchante Madame Campbell. Reprendra-t-il son ancienne vie de directeur artistique ?...

L’histoire d’un homme qui a vécu au hasard de son destin, seul, sans jamais perdre son équilibre. Un portrait brossé d’une plume simple, efficace, un récit très attachant.

Eliane Mazerm
( Mis en ligne le 29/04/2020 )
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