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Littératureet Romans & Nouvelles  

Le Voleur de plumes
de Kirk Wallace Johnson
Marchialy 2020 /  22 €- 144.1  ffr. / 342 pages
ISBN : 979-10-95582-54-0
FORMAT : 13,6 cm × 19,5 cm

Doug Headline (Traducteur)

Salmon fly

Kirk Wallace Johnson est diplômé en langues arabes. Il a fondé The List Project, une organisation qui aide les réfugiés irakiens à s’installer en Amérique, après avoir travaillé à l’USAID pour la reconstruction de Falloujah, en Irak en 2005. Ses travaux ont été publiés dans tous les grands journaux américains. Le Voleur de plumes est son premier roman, traduit remarquablement en français par Doug Headline, un récit «où on traite de la beauté, d’une obsession et du vol du siècle en matière d’histoire naturelle».

L’auteur se détend en pêchant la truite dorée au Nouveau-Mexique, immergé jusqu’à la taille dans la Rivière Rouge, quand Spencer, son guide en matière de pêche à la mouche, lui fait le récit de l’extraordinaire aventure d'Edwin Rist, flûtiste américain renommé, passionné et même obsédé par le montage des mouches à saumon, inventé à l’époque victorienne. Une soirée de juin 2009, après avoir donné un concert à la Royal Academy of Music, Edwin, âgé de vingt ans, prend le train pour rejoindre une petite annexe du British Museum of Natural History, qui contient l’une des plus grandes collections ornithologiques du monde ; cette annexe se trouve à Tring, dans la banlieue londonienne. Ce musée regorge de spécimens d’oiseaux rares dont les magnifiques plumes multicolores valent des sommes astronomiques pour ceux qui montent des mouches à saumon. Une fois à l’intérieur du musée, le voleur prend des centaines de peaux d’oiseaux dans une valise et s’échappe dans l’obscurité.

La mouche est composée de plumes d’une douzaine d’oiseaux aux couleurs écarlates, terminée par une spirale de fil d’or autour de la tige du crochet. Edwin Rist appartient au cercle fermé des monteurs et en devient l'un des meilleurs au monde, une référence même. L’enquête de l’auteur pour remonter la piste du forfait et rencontrer les principaux protagonistes dure cinq ans, à partir de 2011, dans l’espoir vain de retrouver toutes les peaux d’oiseaux volés.

Le roman est une véritable bible pour les amateurs de pêche à la mouche, parfois trop long et trop spécialisé quand on ne partage pas particulièrement cette passion. Mais il est très didactique et foisonne de de personnages, de situations et de renseignements sur les multiples espèces d’oiseaux, les sites Internet concernés, etc. Le récit nous décrit les tribulations des premiers scientifiques aventuriers, comme Wallace qui fut à l’origine de l’idée de la théorie des espèces que Darwin lui subtilisa en la rédigeant juste avant lui. L’amour et la folie des hommes pour les oiseaux exotiques menacent ces espèces d’extinction bien qu’elles soient protégées ; l’équilibre naturel en est perturbé.

«La mouche Durham Ranger, introduite dans les années 1840 à Durham en Angleterre nécessitait les plumes de crête d’un faisan doré des forêts montagneuses de Chine, des plumes noires et orange feu d’une coracine d’Amérique du Sud (connue par les monteurs sous le nom de corbeau indien), des filaments minces comme un ruban d’herls d’autruche d’Afrique du Sud et de minuscules panaches turquoise du cotinga bleu des basses terres d’Amérique centrale».

Le témoignage vrai d’une passion onéreuse et exigeante. Peut-être à recommander avant tout aux initiés.

Eliane Mazerm
( Mis en ligne le 14/10/2020 )
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