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Littératureet Romans & Nouvelles  

Un si petit monde
de Jean-Philippe Blondel
Buchet Chastel 2021 /  18 €- 117.9  ffr. / 247 pages
FORMAT : 13,0 cm × 19,0 cm

15 ans après...

Jean-Philippe Blondel retrouve les personnages de son précédent roman, La Grande Escapade, 15 ans après, alors que partout en Europe, les murs tombent.

Loin de ces bouleversements géopolitiques, rappelés néanmoins au fil du récit, la chute du communisme, les attaques de Saddam Hussein, la petite communauté rencontrée autour du groupe scolaire Denis Diderot vit sa vie, entre routine, crise... et cancans. Les parents sont entrés dans le troisième âge, les enfants, dans l'âge adulte.

Les chapitres vont de l'un à l'autre, construisant la radioscopie de cette communauté exemplaire, blanche, si blanche, classe moyenne française de haut en bas : Janick Lorrain, veuve et cadre supérieure, au seuil d'un virage existentiel qui surprendra tout le monde ; Geneviève Coudrier, enseignante fidèle au poste et à ses tics, les commérages, les jalousies, la colère ; Charles Florimont, devenu inspecteur d'académie, fidèle, lui, à ses idéaux pédagogiques. Une génération plus bas, Philippe Goubert est ce jeune enseignant assoiffé d'horizons, de liberté, pris de doutes ; son meilleur ami, Baptiste Lorrain, s'est laissé prendre dans les filets de la convention petite bourgeoise : un cabinet de dentiste, une conjointe, un petit Dimitri. Quant à la "grosse" Geneviève, elle a donné naissance tardivement à Raphaël, aujourd'hui adolescent revêche, qui ne ressemble à personne et cherche ses repères, des réponses à ses questions aussi. Son frère aîné, Christian, s'est quant à lui exilé outre-Atlantique.

Jean-Philippe Blondel accompagne ce "si petit monde" avec bienveillance, prolongeant ainsi, sur une année, cette chronique d'une France révolue qui tâtonne dans la définition d'une modernité. Dans quelques interstices du récit, le Front National serpente, l'Education nationale se fissure, les parkings, les grandes surfaces et les lotissements ont remplacé les terrains vagues, et les tous derniers mots du roman disent aussi combien ce monde est petit parce que mesquin, parce que fragile. L'auteur prolongera sans doute encore cette fresque social douce-amère ; le tableau nostalgique et pathétique d'un pays qu'il aime, cela se sent, à l'image de la cabane, aujourd'hui délabrée, que les enfants, il y a quinze ans, avaient construite pour y jouer ensemble.

Thomas Roman
( Mis en ligne le 19/04/2021 )
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