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Littératureet Romans & Nouvelles  

Hamnet
de Maggie O'Farrell
Belfond 2021 /  22,50 €- 147.38  ffr. / 359 pages
FORMAT : 14,0 cm × 22,5 cm

Sarah Tardy (Traduction)

Fils de Shakespeare…

Avec une très belle couverture, les éditions Belfond publient le dernier roman de la talentueuse romancière irlandaise Maggie O’Farrell. Le titre renvoie par écho à la plus célèbre pièce de William Shakespeare, Hamlet. En fait, même s’il n’est pas avéré de façon certaine que son prénom soit à l’origine de la pièce, Hamnet (ou Hamlet, les graphies étaient incertaines à l’époque) était le fils du célèbre dramaturge. Sur la vie de celui-ci, nous ne possédons que peu d’éléments et encore moins sur celle de sa famille, ce qui autorise Maggie O’Farrell à laisser, avec son talent habituel, libre cours à son imagination.

Un jour tranquille d’été 1596, dans la campagne anglaise, un petit garçon de onze ans, Hamnet, se trouve seul dans la maison avec sa soeur jumelle Judith. Celle-ci est terrassée par un terrible mal, dans lequel le lecteur reconnait très vite la peste bubonique, peste dont mourra son frère. Sur cette trame historique, en jouant des flashbacks, Maggie O’Farrell reconstitue la vie de William et de son épouse Agnès (dans la réalité Anne Hathaway). Le récit est essentiellement centré sur cette belle figure féminine, un peu sorcière, marginale dans son village, et dont William, mal aimé et maltraité par son père, est tombé éperdument amoureux. Pour autant, la vie conjugale ne lui convient guère, et son épouse l'encourage à partir pour Londres.

Maggie O’Farrell fait revivre le Stratford-upon-Avon du XVIIe siècle, les années de jeunesse de William Shakespeare, elle lui imagine une vie familiale plausible, avec la menace constante que fait peser sur lui la terrible figure paternelle. Elle conte avec poésie la communion avec la nature d’Agnès. Sorcière ? Ou plutôt, une femme extrêmement intuitive, herboriste, douce et sauvage au meilleur sens du terme. Puis survient le dramatique deuil, et plus rien ne sera peut-être comme avant, la douleur l’emporte, jusqu’au chapitre final lorsque la magie de l’écriture théâtrale sublime la douleur.

Un joli roman, écrit d’une belle plume, qui transporte le lecteur dans l’Angleterre élisabéthaine, mais parle aussi d’universel.

Marie-Paule Caire
( Mis en ligne le 07/05/2021 )
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