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Littératureet Romans & Nouvelles  

La Sirène, le marchand et la courtisane
de Imogen Hermes Gowar
Belfond 2021 /  22 €- 144.1  ffr. / 524 pages
ISBN : 978-2-7144-8076-7
FORMAT : 14,1 cm × 22,6 cm

Maxime Berrée (Traduction)

Cabinet de curiosités…

Spécialiste en histoire de l’art, Imogen Hermes Gowar livre son premier roman, La Sirène, le marchand et la courtisane, qui a immédiatement remporté un immense succès en Angleterre. Un roman baroque, foisonnant, qui nous rappelle que l’Angleterre est depuis le 19e siècle la patrie des romancières ! L'auteure a construit un beau roman historique et fantastique, à rebondissements, dans l’Angleterre du XVIIIe siècle.

A Londres, en 1785, une jeune et belle héroïne, Angelica Neal, vit de ses charmes et tient à son indépendance, conquise contre Mrs Chapell, mère maquerelle inventive. Un veuf sombre ne s’est jamais consolé de la perte de sa femme et de leur fils unique : Jonah Hancock, marchand aisé dont le fond de commerce vient des mers lointaines, et à qui un capitaine apporte un jour une créature mystérieuse. Une sirène, ou sa momie, qu’il a monnayée contre le prix du bateau. Prix exorbitant ! Mais Hancock cède à l’aventure, au charme vénéneux de la mystérieuse créature, appuyé par sa jeune nièce qui tient son ménage.

La fortune effectivement est au rendez-vous, lorsque Hancock produit son monstre moyennant finances. Du jour au lendemain, il devient célèbre et plus riche encore ; il rencontre Angelica à la faveur d’une mise en scène extravagante du «monstre» organisée par Mrs Chapell. Imogen Hermes Gowar immerge avec talent ses lecteurs dans la vie quotidienne de l’Angleterre à la fin du XVIIIe siècle, et les différents mondes qui en composent la société. Monde bourgeois de Hancock, monde de la vie courtisane d’Angelica, monde de l’aristocratie qui recherche des plaisirs à la fois faciles et raffinés.

Mais… il y a aussi du conte philosophique dans l’approche de l'auteure, et sans dévoiler les intrigues qui se succèdent, la sirène symbolise la vaine course au gain, dans une société âpre, où chacun est étroitement maintenu dans ses origines. Une interrogation sur la quête du bonheur, la nostalgie, la tristesse… La force du roman vient de la qualité de la description historique, liée à la formation et à l’expérience professionnelle de l’auteure qui a travaillé dans des musées et connaît son Angleterre géorgienne, ainsi que la passion de l’époque pour les cabinets de curiosité. Elle tient aussi dans la force des personnages secondaires qui ne sont pas de simples silhouettes.

Un roman certes épais mais qui se lit aisément et devrait rencontrer un vaste public. On imagine bien l’adaptation cinématographique (ou la série) qui pourrait en être tirée.

Marie-Paule Caire
( Mis en ligne le 14/05/2021 )
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