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Littératureet Romans & Nouvelles  

Supernova
de Dimitri Kantcheloff
Les Avrils 2021 /  18 €- 117.9  ffr. / 188 pages
ISBN : 978-2-491521-66-0
FORMAT : 13,5 cm × 20,0 cm

La magie de l’univers

. «C’est un petit point qui accapare la nuit, un enfer agité par de telles forces qu’on ne voit que lui. A travers l’oculaire, ses volutes de gaz et de matières, ses nuages de poussière, ses couleurs surnaturelles suscitent un sentiment de perfection, de paix : la mort de l’étoile». Rien n’échappe à l’observation de Charles Korzybski. A soixante-quatorze ans, c'est un astronome expérimenté qui vit dans la campagne varoise, seul et heureux dans cette beauté vierge.

Charles, comme l’astre, s’achemine vers la fin de sa vie, après une longue carrière de conducteur de métro parisien. Il passe ses nuits rivé à son télescope, et dort un peu le jour. Depuis deux mois, il étudie ce phénomène, «sa» supernova, explosion d’une étoile en train de mourir, le seul intérêt qui le maintienne en vie. Ce phénomène d’astronomie se déroule au milieu de milliards d’astres, de galaxies, en s’étirant sur plus de quatre-vingt milliards d’années-lumière. On n’a rien vu de tel depuis 1604 et la supernova de Kepler.

Cette nouvelle extraordinaire parvient jusqu’aux rédactions parisiennes, avides de sensationnel, qui s’empressent de rechercher la cachette de Charles et reccueillir son témoignage. Parmi ces journalistes, Chloé Legrand, autrefois reporter de guerre, devenue journaliste à l’AFP. De retour sur la terre de son enfance, elle trouve vite l’antre du vieil homme...

Ce premier roman est riche en enseignements. Un duel oppose Charles, vieil ermite aux yeux tournés vers le ciel et les étoiles, à Chloé, qui use sans succès de tous les stratagèmes, et tous ces journalistes à l’affût du scoop qui sera diffusé toutes les dix minutes. Ils disparaîtront comme des oiseaux dès qu’un fait divers plus racoleur et plus tragique se présentera. Cette folle course médiatique est superficielle et répond aux goûts de téléspectateurs consommateurs, plus ou moins voyeurs. A l’opposé, le silence et la beauté de ce paysage méditerranéen fait écho au bruit de l’inutile et à cette soumission moderne. Charles cultive un farouche désir de liberté, de contemplation silencieuse, une sorte de méditation devant l’infiniment grand, qui remet l’humain à sa juste place.

«Cette indication visible du moment présent et de ce qui est déjà advenu révèle l’espace-temps non pas telle une chose fragmentée et hermétique, mais comme un grand tout, solidaire et homogène».

Eliane Mazerm
( Mis en ligne le 11/06/2021 )
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