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Littératureet Romans & Nouvelles  

Le Centre d'appel
de José Frèches
Au Diable Vauvert 2006 /  19 €- 124.45  ffr. / 325 pages
ISBN : 2-84626-092-3
FORMAT : 13,0cm x 20,0cm

Love Story et Mondialisation

Constantine est une jeune sénégalaise trop diplômée pour son pays, contrainte d’accepter donc un travail de télémarketing dans l'un des Centres d’Appel de Dakar. Grâce à ces salaires de misère, les grandes firmes occidentales préfèrent sous-traiter de l’autre côté d'un Tropique : les appels longue distance restent rentables au temps des télécom’ dérégularisées. C’est le cas d’Aurore Assurances, où travaille Aimé, cadre gris engoncé dans sa vie de banlieue francilienne, quitté, blasé, défait… A quelques stations de RER, Luc vit avec sa mère : plutôt beau, plutôt bête, mais pas méchant, il circule en fauteuil roulant, la faute à un accident, la faute à pas de chance… Retour à Dakar : Ali, fiancé chaste de Constantine, est un fou d’Allah, vertueux comme un Mormon, sa foi calibrée par les Textes…

Quatre êtres au temps de la Globalité, que les flux chaotiques des réseaux téléphoniques vont lier ensemble. Sous le nom de Lucile, Constantine appelle au hasard Luc, pour lui proposer un contrat d’assurance vie. Charmé et bonne poire, Luc se laisse faire. Lucile prend alors rendez-vous pour lui avec l’agent d’Aurore Assurance. Grâce à ce succès, le Centre d’Appel offre à Constantine, outre un poste stable, un voyage à Paris. Le destin fait le reste : Luc rencontre Constantine qui rencontre Aimé qui tombe pour elle et vice et versa… Et pendant ce temps, Ali, délaissé, ne trouve pas mieux que de rejoindre Paname dans les soutes frigorifiques d’un long courrier…

Les chapitres, aux titres des quatre personnages, alternent les points de vue sur cette histoire incroyable mais vraie (du moins dans la fictive réalité de la lecture), comme un puzzle de monologues créant la théâtrale illusion d’un dialogue, et un rythme prenant, car plein de vie. Comme un conte à l’âge digital, une love story marquée du sceau de la très honnie mondialisation : un peu d’espoir dans un monde brutal et déshumanisé. Est-ce là ce que José Frèches cherche à nous dire ? Que derrière ces gros mots - maux ? – (Globalisation, Mondialisation, Economies d’échelles, Islam, Fracture sociale, Clandestinité), battent encore des cœurs d’Hommes, rêves et sentiments humains qu’aucune technologie ou plan mercatique ne sauront jamais réduire ou annihiler ?... Inch’Allah ! Et un vrai plaisir de lecture !

Bruno Portesi
( Mis en ligne le 21/04/2006 )
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