L'actualité du livre
Littératureet Romans & Nouvelles  

Merci d'être venu
de Béatrice Shalit
Julliard 2006 /  19 €- 124.45  ffr. / 186 pages
ISBN : 2-260-01696-0
FORMAT : 13,0cm x 20,5cm

Que sont mes amis devenus?...

Myriam et Alice se croisent par hasard au cimetière du Montparnasse. Et c'est alors toute une adolescence qui sort de tombe, donnant l'occasion des retrouvailles du Clan lors d'une dîner entre trentenaires. Le Clan, c'est la tribu fusionnelle, la smala des potes que rien ne devait séparer, sinon le temps qui passe, sinon les mariages et les grossesses, sinon des carrières disséminées à tous les vents... Sinon, surtout, l'accident fondateur de l'éclatement de la troupe : la mort sinistre du pauvre Chopin, lors d'un stupide jeu de roulette russe proposé par Olivier... Ce dernier est un peu comme le fantôme du groupe, qui reparaît d'ailleurs à l'occasion de ce dîner d'encore jeunes vétérans d'une jeunesse pourtant décidément révolue, à la fin du roman... “En tout cas, il est reluisant, le Clan. Une tueuse en série, une tétraplégique, une psychiatre qui enlève ses jeunes patients...” (p.101)

Les personnages sont sympathiques et hauts en couleurs. Myriam navigue à vue entre une fille adolescente trop intelligente pour elle et un père chez qui l'intelligence, et la mémoire, au contraire, se barrent. Alzheimer, quand tu nous tiens!... Alice est psy et gère deux fils, dont un mutique mais qui jouera un rôle auprès du vieillard gâteux. ll y a aussi Claire, Oscar, Jeanne, restauratrice serial-tueuse et sinophobe. Il y a aussi le spectre de la Shoah, les rides aux souvenirs d'enfance et cette amère impression que le temps à filé comme le sable entre les doigts, imperceptible et vorace comme l'ogre de Goya. C'était ”le temps des copains, le temps de l'amour et de l'aventure”... L'imparfait est décidément trop injuste...

Entre mémoire et nostalgie, loufoqueries de l'existence et drames familiaux, Merci d'être venu est un roman léger et pas désagréable, fonctionnant bien sur des dialogues péchus et amusants. Peut-être est-ce néanmoins trop court et décousu parfois, comme si Béatrice Shalit, l'auteur de Famille et autres supplices (Julliard, 2000), nous racontait son adolescence et ses copains à elle. Le lecteur se perd un peu dans les ellipses et la profusion de personnages à la fois riches et trop rapidement brossés.

Bruno Portesi
( Mis en ligne le 26/06/2006 )
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