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Qui se souvient de David Foenkinos ?
de David Foenkinos
Gallimard - Blanche 2007 /  16.90 €- 110.7  ffr. / 179 pages
ISBN : 978-2-07-078491-2
FORMAT : 14,0cm x 20,0cm

Date de publication : 30/08/2007

Dés-oeuvré...

Comment jouer avec l'auto-fiction ? David Foenkinos nous propose une réponse : avec humour et imagination, c'est-à-dire par une déprise absolument nécessaire et salubre de son «soi». On est donc loin ici des jérémiades et des afféteries sous lithium d'une Angot ou d'une Pingeot. David Foenkinos, écrivain plus remarqué qu'il ne le dit ici, se met en scène dans ses plus beaux habits : ceux de l'écrivain.

Certes, la quête ici décrite, celle existentielle de tout homme de plume – UNE IDEE ! - n'esquive pas quelques passages obligés : parler de soi, de sa déprime, des affres d'une vie de famille périmée (la fille, grandie trop vite, est happée par quelques horizons, une carrière dans le tennis pro, apprend-on), de l'agonie du couple... Mais ici sans couleur glauque, sans lamento. C'est terrible, mais on sourit beaucoup devant l'errance de cet écrivain littéralement dés-oeuvré. Parce que la plume est belle, jamais lourde, et parce que cette écriture du «je» fait écho, résonne jusqu'au «moi» du lecteur. «J'ai souvent l'impression que ma vie est une accoutumance progressive à la vieillesse. Et cela a, sur mon tempérament, une conséquence majeure qu'il n'est pas superflu de préciser dès ce quatrième chapitre : je transforme tout ce que je vis en nostalgie, non pas parce que je suis nostalgique, mais parce que je vis tout du point de vue de ma future vieillesse» (p.24).

L'histoire est celle d'un David d'après la chute, tombé de l'Olympe des papiers, passé le succès du Potentiel érotique de ma femme. Adieu Goncourt, cachets juteux et adaptation ciné : les romans suivant sont mal accueillis ; la sauce tombe... et l'écrivain de ressentir comme un blocage, une impossibilité d'écrire à nouveau, de mettre le grappin sur une nouvelle idée. Quand un beau jour, dans un train entre Paris et Genève : «Je venais d'être foudroyé par l'inspiration. [...] Le roman se construisait dans ma tête dans une succession d'éclairs limpides. C'était fou, aussi insensé qu'un coup de foudre. Que se passait-il en moi ? Je n'avais pas eu une seule idée valable depuis des années, et voilà que l'imagination s'offrait à moi comme une nymphomane». (p.27) Sauf que l'idée part comme elle est venue. Une comète. David passe donc ce roman à vouloir la retrouver.

On aurait, bien sûr, aimé lire plus sur le landerneau littéraire, trouver du sang mêlé au noir de l'encre, contre tel éditeur, tel critique, tel autre écrivain injustement encensé. Ce en quoi, justement, Qui se souvient de David Foenkinos ?, ne ressemble pas aux biles de Mazarine et Christine. Au final, donc, tant mieux...

Bruno Portesi
( Mis en ligne le 17/10/2007 )
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