L'actualité du livre
Littératureet Romans & Nouvelles  

Place Rouge
de Dominique Fernandez
Grasset 2008 /  20.90 €- 136.9  ffr. / 380 pages
ISBN : 978-2-246-72911-2
FORMAT : 14,0cm x 22,5cm

Passions russes

«Horreur politique dans le passé, hideur commerciale à présent». En traversant la Place Rouge, Frédéric regarde avec stupeur les métamorphoses de Moscou, où les boutiques de luxe côtoient désormais le mausolée de Lénine. Qu’est devenue l’âme russe dans ce grand fourre-tout occidental ? «Mais au fait qu’est-ce qui vous plaît tant, en Russie ?» Certainement cette croyance folle que la Russie est restée figée au temps de Tchaïkovski, temps où l’aristocratie érudite et insouciante se délectait autour d’un samovar fumant ou encore de cette Russie faite d’idéaux, prête à payer de son sang.

Loin de s’en agacer, Irina s’amuse de la naïveté de Frédéric, lui le russophile occidental. La Russie change, se modernise à l’instar de toutes les grandes villes, elle a soif de découvertes, de nouveautés. D’ailleurs, ce n’est pas par hasard qu’elle a invité Raoul Goia, artiste parisien, à exposer ses œuvres. Chantre de l’art réaliste, son image sulfureuse de peintre gay underground subjugue Irina qui se veut être à l’avant-garde des mouvements picturaux. Son frère Iermolaï est loin de ce monde, le rejette même, occasionnant de multiples discussions, sur l’identité de l’art russe, et, au-delà, de la Russie. A l’image de l’intemporelle Saint-Pétersbourg, il garde ce sentiment intact d’un pays nostalgique et figé dans son art de vivre. Et pourtant, il se laisse séduire par le dangereux Raoul, lui l’excessif, le nonchalant.

Confrontation des cultures, mais aussi confrontation amoureuse, Dominique Fernandez nous entraîne dans un méli-mélo sentimental étonnant dans son incohérence, voire son absurdité. Raoul est une caricature de l’artiste parisien forcément homosexuel, Iermolaï un être mutique qui sombrera dans la passion, et les Parisiens sont bien évidemment insolents et insipides. Ces personnages portraiturés à l’extrême agacent. Seule reste cette balade dans une Russie méconnue et ses descriptions en surimpression, loin des cartes postales, une Russie où les noms de Gorki et de Tchekhov résonnent encore à chaque coin de rue.

Catherine Martinez-Scherrer
( Mis en ligne le 25/04/2008 )
Droits de reproduction et de diffusion réservés © Parutions 2024
www.parutions.com

(fermer cette fenêtre)