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Littératureet Essais littéraires & histoire de la littérature  

Céline Même pas mort !
de Christophe Malavoy
Balland 2011 /  22,90 €- 150  ffr. / 310 pages
ISBN : 978-2-353-15125-7
FORMAT : 14,2cm x 23,6cm

Un regard sur Céline

Acteur, réalisateur et metteur en scène, Christophe Malavoy vient de consacrer un ouvrage au sulfureux écrivain Louis-Ferdinand Céline. Paru aux éditions Balland, ce portrait intime s’intitule Céline. Même pas mort ! et n’a pas pour ambition de plaire à tout le monde. On le sait, par les pamphlets antisémites qu’il écrivit au cours de la Seconde Guerre mondiale, l’auteur du Voyage au bout de la nuit est tout sauf politiquement correct.

Né à Courbevoie en 1894, Louis-Ferdinand Céline participa à la Grande Guerre, durant laquelle il fit montre d’héroïsme et fut blessé. Médecin de formation, il ne se limita point à cette profession et se mit également à la littérature. Prolifique, il écrivit de nombreux ouvrages et contribua à produire une véritable révolution dans le genre romanesque avec son opus magnum Voyage au bout de la nuit (1932) ou encore Mort à crédit (1936).

Personnalité extravagante et fantasque, Louis-Ferdinand Céline a toujours dérangé ou fasciné, mais jamais il n’a laissé quiconque dans l’indifférence. Comme le rappelle d’emblée Christophe Malavoy, d’aucuns le tiennent pour un «paranoïaque morbide, éructant, vomissant sa haine à chacune de ses phrases», un «raciste invétéré, (…) antisémite acharné, (…) abject individu, collaborateur, délateur, lâche, violent, nauséabond, (…) gros cochon qui méprise la littérature, la langue française, qui la couvre de merde, d’immondices et de pourritures au nom de l’émotion dans le langage parlé».

Il faut dire que la trajectoire de Céline n’est pas commune. D’abord considéré comme un homme de gauche, il voyagea quelques temps en URSS (1936) avant d’en revenir irrémédiablement déçu. Il publia alors un brulot anticommuniste intitulé Mea culpa. Hanté par le spectre de la décadence hexagonale, il poursuivit dans cette veine avec des pamphlets dénonçant pèle-mêle le capitalisme, le communisme, la démocratie, le nationalisme, l’alcoolisme et surtout les Juifs. Sous l’Occupation, il ne prit pas activement part à la politique, se contentant de déverser sa haine dans ses écrits. Inquiété à la Libération, il fuit et partit pour l’Allemagne, puis le Danemark. Arrêté, il dut rentrer en France en 1951.

Loin d’approuver cette condamnation quasi-universelle de Céline, Christophe Malavoy explique que l’auteur des Beaux Draps (1941) souffrirait d’une extrême méconnaissance de la part de la plupart des «spécialistes» et du grand public. Il conviendrait donc d’y remédier. Tel est l’objectif de cet ouvrage, dans lequel l’auteur ressuscite Céline et le fait dialoguer avec lui : «Louis-Ferdinand Céline n’était pas mort ce 1er juillet 1961 dans son pavillon à Meudon, puisqu’il était là, précisément, sur ce boulevard, à mes côtés et qu’il venait de m’adresser la parole».

Au fil des pages, l’obscur Céline se raconte, au grand public donc.

Jean-Paul Fourmont
( Mis en ligne le 21/10/2011 )
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