Littérature
Essais littéraires & histoire de la littérature de Lila Azam Zanganeh
L'Olivier 2011 / 20 €- 131 ffr. / 228 pages
ISBN : 978-2-87929-708-8
FORMAT : 14cm x 20,5cm
Jakuta Alikavazovic (Traducteur)
''VN''
Dès le titre, on sait que cet ouvrage sur Nabokov sera subjectif, orienté vers un des aspects des ouvrages de Vladimir Nabokov, appelé tout au long de l’ouvrage «VN». On ne peut à proprement parler de biographie, même si toute la vie de ce grand romancier est racontée par bribes. Il peut paraître curieux d’associer «VN» au bonheur, étant donné la réputation sulfureuse que lui ont acquis certains de ses livres (Lolita, Ada ou l’ardeur…), et le malaise moral et sexuel qui l’entoure ; cependant, l’auteur dit avoir compris la «texture du bonheur» grâce à cette littérature.
Elle entreprend donc d’expliquer d’où vient ce bonheur et tente de classifier une recherche peu habituelle dans une œuvre. Cela donne une quinzaine de chapitres intitulés ainsi : ''Joie extravagante du rêveur'' (où l’auteur meurt sans avoir achevé un livre et le lecteur s’embarque à sa poursuite dans une quête posthume) ; ''L'e bonheur, dans l’étincelle éclatante du souvenir (où l’auteur retrouve le temps perdu et le lecteur sort un miroir)'' ; ''Le bonheur – au moins en partie (où l’auteur est complètement énamouré et le lecteur s’avère être un fin limier)'' ; ''Le bonheur dans un éclat de conscience (où l’auteur évoque la seule chose ayant la moindre réalité et la langue du lecteur se délie)'' ; ''Le bonheur de six chapeliers fous : un résumé (où l’auteur et d’autres tombent éperdument amoureux et où le lecteur s’endort)''…
Des textes fragmentés, des souvenirs éparpillés, des impressions fugaces, des essais d’analyses très personnelles, un livre écrit d’une façon inhabituelle, un labyrinthe illustré de photos de Nabokov, un hommage éperdu à cet auteur dont Lila Azam Zanganeh est visiblement amoureuse. Elle semble avoir trouvé dans le style de cet auteur russe, à l’écriture fortement imagée et aux histoires complexes, un écho à sa sensibilité moyen-orientale, à son style fleuri et ouvragé. Elle explique beaucoup sa démarche, ses recherches, notamment avec le fils de Nabokov, Dimitri, ce qui donne un livre curieux dans lequel l’auteure parle presque autant d’elle que de son sujet.
On retrouve, au hasard des citations, le plaisir de ces mots ciselés dont il avait le secret, et lorsque «VN» parle de ses papillons, de cette passion minutieuse, on sent là, réellement, le bonheur vrai et simple qui a dû être éprouvé, celui qu’on ne peut vraiment décrire.
Dany Venayre
( Mis en ligne le 01/02/2012 )
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