L'actualité du livre
Littératureet Poésie & théâtre  

Au nord de Mogador
de William Cliff
Le Dilettante 2018 /  15 €- 98.25  ffr. / 128 pages
ISBN : 978-2-84263-931-0
FORMAT : 12,0 cm × 17,9 cm

Au milieu de la terre

.«Je me dis : essayons de partir en voyage
N’importe où pour briser l’apathie de notre âge»


Le poète William Cliff est né en Belgique en 1940. Il nous présente un nouveau cahier de poèmes dans lequel nous nous évadons avec lui de Porto Rico à Munich, de la Pampa au Luberon. L'auteur assemble de menus instants de vie qui illuminent notre monde. Pourquoi Mogador, ancien nom portugais de Essaouira ? Pour la beauté du site au bord de l’océan atlantique ? Chacun choisira.

Cliff a le don du vers qui perturbe et dérange :
«Alors on est heureux que quelqu’un par son aide
Nous tire d’une embûche où périssait notre être»


L’alexandrin peut être modifié dans sa structure et son rythme même. C’est pour prendre le chemin des écoliers qu’il s’évade, qu’il s’émancipe. Le sonnet est lui aussi malmené. On aime voir à la rime «des sales bêtes» avec «d’ineptes prétextes» quand il évoque «le petit insecte humain».

La variété des sons, des images et des vers nous embarque dans un voyage terrestre passant de New York à la Belgique, sorte de tour du monde pour les senteurs et les plaisirs et choses simples, les mains aux poches. On boit parfois des Vodkas au café Kosmos de Munich pour fuir l’ennui comme on s’enivre pour célébrer la vie. On s’éclaire à la bougie «quand la technologie moderne fait défaut».

Qu’il explore les lieux traversés ou exhume ses souvenirs de jeunesse (ah ! Les corps des garçons si attirants), il fait rimer quotidien et poésie. Le mariage de la prosodie savante et la vie sans fard lui va bien et nous comble. William Cliff est un voyageur, un marcheur souvent atteint de mélancolie. L’enfance n’est pas nostalgique car il n’a rien oublié de ses «années d’ordinaire misère» au petit séminaire ou au collège de la Hulle.

Sa poésie dégage une sérénité bienfaisante dans laquelle on aime se reconnaître. Mais il sait aussi manier l’Histoire et la géographie. Vieux jeune homme souriant par politesse, il laisse derrière lui ses rimes intemporelles.

« Ah ! L’accablement du déroulement du temps
Ah ! La répétition des jours de la semaine !
Ce jeudi qui viendra demain et qui pourtant
Mourra sous le prochain vendredi qui s’amène !»


Eliane Mazerm
( Mis en ligne le 22/06/2018 )
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