L'actualité du livre
Littératureet Poésie & théâtre  

Discours du nouveau directeur de l'Odéon
de Olivier Py
Actes Sud 2007 /  10 €- 65.5  ffr. / 52 pages
ISBN : 978-2-7427-7141-7
FORMAT : 10,0cm x 19,0cm

L'auteur du compte rendu : Scénariste, cinéaste, Yannick Rolandeau est l’auteur de Le Cinéma de Woody Allen (Aléas) et collabore à la revue littéraire L'Atelier du roman (Flammarion-Boréal) où écrivent, entre autres, des personnalités comme Milan Kundera, Benoît Duteurtre et Arrabal.

Jugeons sur pièce

Olivier Py, né en 1965 à Grasse, dirige l'Odéon-Théâtre de l'Europe depuis le 1er mars 2007. Formé à l'ENSATT et au Conservatoire national supérieur d'art dramatique, il a également étudié la philosophie et la théologie. Il est nommé à l'âge de 32 ans directeur du centre dramatique national d'Orléans. Il devient en mars 2007 directeur du théâtre de l’Odéon. Son œuvre publiée est assez importante. Citons La Servante, Les Vainqueurs, Le Visage d'Orphée, L'Exaltation du labyrinthe, L'Apocalypse joyeuse.

Parmi ses influences, on peut citer Paul Claudel, Jean Giraudoux, Jean Genet, Copi et Jean-Luc Lagarce. Son théâtre est marqué par un engagement politique assez manifeste et une exaltation de la vie sous toutes ses formes. D'un style varié, il utilise dialogues, scènes à plusieurs et monologues. La prose laisse parfois la place aux vers, ou à des chansons. Le ton est grave, tragique, politique, parfois léger, drôle, voire grotesque quand la scène devient farce. Il a aussi oeuvré dans la mise en scène d'opéra.

Ce petit discours, «proclamé, éructé», comme il est dit, à l'occasion de sa prise de fonction, a un certain panache et Olivier Py n'a peur de rien. Heureusement, il a de l'humour. Il s'y met en scène, dans le rôle d'un directeur de théâtre donc, c'est-à-dire «Moi-même». Des personnages rentrent en scène et l'interrompent à chaque fois : Ma crémière, un critique d'art, un homme politique en campagne, Maman et, finalement, La mort. Chacun joue sa partie et Olivier Py a le beau rôle. On peut reprocher le côté un peu narcissique de l'exercice.

On passe ainsi en revue tous les clichés qui courent sur le théâtre, de la crémière qui se lamente sur son élitisme et le fait qu'il y ait des gens nus sur scène, le critique d'art qui prône la subversion de l'avant-garde, l'homme politique qui demande de recoller la fracture sociale, Maman qui admire le bel emplacement de l'Odéon, et enfin la Mort qui annonce la fin du théâtre mais qui aimerait bien un rôle dans cette histoire... A chaque fois, "Moi-même" répond, parfois avec un certain sens de l'à-propos, notamment à la Crémière ("Quant à l'élite, elle est parfois plus inculte, plus insouciante, plus fermée à l'art et à la pensée que ceux qu'elle désigne comme la masse." - p.18) ou au critique d'art ("Il y aura la provocation du verbe, la seule qui ne fasse pas le catéchisme de la subversion" - p.29). Évidemment, pour l'homme politique, le théâtre ne doit pas être inféodé à un devoir civique ou à un rôle politique. Tout le monde sera d'accord avec cela.

Et maintenant, après le discours, voici venu le temps de la scène, histoire de juger sur pièce...

Yannick Rolandeau
( Mis en ligne le 29/04/2008 )
Droits de reproduction et de diffusion réservés © Parutions 2024
www.parutions.com

(fermer cette fenêtre)