L'actualité du livre
Littératureet Poésie & théâtre  

Célibataires
de David Foenkinos
Flammarion 2008 /  12 €- 78.6  ffr. / 140 pages
ISBN : 978-2-08-121722-5
FORMAT : 11,5cm x 18,5cm

Date de parution : 03/09/2008.

L'auteur du compte rendu : Essayiste, romancier, Jean-Laurent Glémin est titulaire d’un troisième cycle en littérature française. Ayant travaillé notamment sur les sulfureux Maurice Sachs et Henry de Montherlant, il se consacre aujourd’hui à l’écriture de carnets et de romans. Il n’a pas publié entre autres Fou d’Hélène, L’Imprésent, Fleur rouge, Chair Obscure, Continuer le silence.


Théâtre matrimonial

David Foenkinos a trouvé le grand public avec son roman Le Potentiel érotique de ma femme, publié en 2004 et écoulé à 100 000 exemplaires, ce qui n’est pas rien pour un jeune écrivain. Depuis, il a récidivé avec notamment En cas de bonheur (2005), Les Cœurs autonomes (2006) ou encore Qui se souvient de David Foenkinos ? (2007). Il sort cette année sa première pièce de théâtre, Célibataires, avec le style qu’on lui connaît, fait d'humour, de légèreté mais aussi de contact avec la réalité de notre époque.

Cette courte pièce, un peu plus de cent pages, met en scène deux employés d’une agence matrimoniale qui est contrainte de licencier ses salariés face à la concurrence déloyale des sites de rencontres abondant sur Internet. Michel et Sylvie attendent donc des clients qui ne viennent pas et tuent le temps en discutant des affaires qui les préoccupent, comme le départ forcé de leur collègue Jean-Pierre ou l’ennui qui les ronge. Puis vient le tour de Michel de se faire licencier, puis Sylvie lorsque la boite ferme définitivement ses portes. Et l’amour dans tout ça ? Car si les agences ferment, et les réseaux affluent dans le virtuel, les cœurs, eux, veulent encore s’ouvrir au monde !

Foenkinos touche du doigt un point essentiel : comment deux personnes qui s’aiment et se fréquentent depuis des années n’en viennent pas à s’unir sans passer par les subterfuges qui leur révèlera cet amour. Chargés de faire s’unir hommes et femmes dans leur agence, ils sont incapables de voir, du moins d’affirmer ou d’accepter, leurs propres sentiments. Célibataires durant leur contrat à l’agence matrimoniale, ils s’uniront lorsque tous deux trouveront une place dans une agence de conseil en divorce. Ironie de l’auteur oblige…

La pièce se lit paisiblement ; les dialogues d’une simplicité redoutable n’enlèvent rien à la teneur du propos, et le ton est plutôt bien choisi. On oscille entre la difficile réalité des relations homme/femme et une certaine absurdité propre à la volonté esthétique de l’auteur. Une très belle scène où les deux amis se retrouvent dans le noir va permettre de les unir, au moins pour un temps. D’ailleurs Michel ne s’y trompe pas : «Écoute. En pleine lumière on ne se voyait pas. Alors là c’est mieux», dit-il à Sylvie alors qu’il s’approche d’elle dans le plus simple appareil pour «glousser» ensemble !

Bref, quand le trivial des situations rejoint l’amertume de la vie, le lecteur comprend l’intensité et la légèreté qui gouvernent les rapports humains. Une gentille piécette pour la rentrée, pourquoi pas ?!

Jean-Laurent Glémin
( Mis en ligne le 26/09/2008 )
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