L'actualité du livre
Littératureet Littérature Américaine  

Un hologramme pour le roi
de Dave Eggers
Gallimard - Du Monde Entier 2014 /  22.90 €- 150  ffr. / 352 pages
ISBN : 978-2-07-014294-1
FORMAT : 14,3 cm × 20,5 cm

Emmanuelle et Philippe Aronson (Traducteurs)

Héros malchanceux…

Jeune écrivain américain (il est né en 1970), éditeur indépendant (il a fondé la maison McSweeney’s), Dave Eggers a écrit plusieurs romans qui en France sont pour la plupart publiés aux éditons Gallimard (Suive qui peut, Le Grand quoi - pour lequel il avait reçu le prix Médicis étranger en 2009 -, Zeitoun).

Un hologramme pour le roi est l’histoire d’une faillite, de faillites : celle personnelle du héros, Alan Clay, un médiocre ou un malchanceux qui a, avec constance, fait les mauvais choix dans sa vie, quitté l’Université en cours d’études, choisi de travailler dans des entreprises qui s’effondrent. Sa vie privée est également un naufrage : rupture avec son épouse, soutien de leur fille Kit, mais Kit attend de lui qu’il finance ses études or Alan Clay n’a plus un sou. Aussi la mission qu’il accepte pour la société de nouvelles technologie Reliant est-elle fondamentale pour lui : sa seule chance de revenir dans la partie, de se remettre à flot.

A la différence du lecteur qui dès les premières pages comprend dans quel fiasco il va être entraîné, Alan espère longtemps réussir sa mission : vendre au roi d’Arabie, pour la ville que celui-ci voudrait voir surgir des sables du désert, un procédé ultramoderne de visio-conférence. Alan est confiant, confiant dans la société Reliant, confiant dans son pays et sa supériorité.

Évidemment, rien ne se passe comme prévu, et Dave Eggers prend un grand plaisir à narrer par le menu l’errance de cet homme perdu dans un univers kafkaïen ; à défaut de Godot, Alan attend le roi… ses jeunes collaborateurs sont perdus sous une tente improbable et eux attendent… le wifi… Quelques occasions s’offrent à Alan, mais il ne sait les saisir ni profiter des rares instants heureux, perdu dans une civilisation qui n’est pas la sienne et qu’il ne parvient pas à décoder. Finalement Alan, tout américain qu’il soit, appartient à un vieux monde, tandis qu’à l’heure de la mondialisation se lèvent d’autres horizons, chinois…

L’écriture de Dave Eggers est volontairement plate pour décrire cette histoire pessimiste du crépuscule d’un monde, qui comme Alan, le héros, est décontenancé et sans réponse face à des défis neufs.

Marie-Paule Caire
( Mis en ligne le 27/10/2014 )
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