L'actualité du livre
Littératureet Littérature Américaine  

Demande, et tu recevras
de Sam Lipsyte
Monsieur Toussaint Louverture 2015 /  23 €- 150.65  ffr. / 406 pages
ISBN : 979-10-90724-19-8
FORMAT : 14,0 cm × 19,5 cm

Céleste Désoille (Traducteur)

Sa Majesté des losers

Les éditions Monsieur Toussaint Louverture ont habitué leurs lecteurs à leur offrir des auteurs ignorés ou mal connus du public français, dans une maquette très soignée. Aussi ouvrir un de leurs livres est toujours un double plaisir : tenir un bel objet et découvrir un texte inattendu. C’est encore le cas avec ce savoureux Demande, et tu recevras, titre citation de l’évangéliste Matthieu (VII, 8). Demande, et tu recevras est le quatrième roman de Sam Lipsyte, le second publié en France après Douce Amérique (Calmann-Lévy, 2007).

Milo Burke a la quarantaine, une femme, Maura, un fils, Bernie, demande somme toute assez peu à la vie et… reçoit moins encore. D’emblée, Sam Lipsyte met son lecteur dans l’ambiance : «L’Amérique n’était plus qu’une vieille mère maquerelle en fin de vie». Qu’attendre de cette «grand-mère patrie», «cirrhotique et édentée» ? Rien, à l’évidence ! Et pourtant Milo ne se décourage jamais en dépit des échecs répétés et des multiples avanies dont est tissé son quotidien.

Ancien étudiant en histoire de l’art, qui s’est rêvé un destin de peintre, pour finir en collecteur de fonds pour une université auprès de mécènes potentiels qu’il ne parvient pas à convaincre, Milo est indéniablement un raté : «Sa Majesté des losers, Beurk Ier», le surnomme un de ses collègues avant que Milo ne soit viré de son poste pour manque de réussite. Un second essai ne se terminera pas mieux. Rien ne va non plus dans son couple, sa vie de famille est un désastre… Décidément, Milo est condamné à l’échec mais ce qui pourrait être tragique (et qui l’est en fait) est aussi drôle, très drôle, d’une gaieté amère et cynique.

En trente chapitres (intitulés de un à trente…), Sam Lipsyte promène ses lecteurs, à la suite de Milo, dans une Amérique de la médiocrité, de donuts poisseux et trop sucrés, de sexe moyennement voire peu satisfaisant, de mal bouffe, de paumés qui côtoient ceux qui ont compris les codes, deux univers parallèles...

Une description au vitriol d’une société impitoyable aux faibles, un récit d’humour noir qui s’inscrit dans une grande tradition américaine et rappelle John Fante, Woody Allen ou encore Philip Roth.

Marie-Paule Caire
( Mis en ligne le 22/06/2015 )
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