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Littératureet Littérature Américaine  

Mille femmes blanches - Les Amazones - Tome 3
de Jim Fergus
Le Cherche Midi - Ailleurs 2019 /  23 €- 150.65  ffr. / 374 pages
ISBN : 978-2-7491-5558-6
FORMAT : 15,6 cm × 24,0 cm

Jean-Luc Piningre (Traducteur)

Cheyennes malgré elles

1875 : un chef Cheyenne propose au président américain Grant d’échanger mille chevaux contre mille femmes blanches pour les marier à ses guerriers en espérant favoriser l’intégration des premiers américains. Ces femmes sont recrutées de force dans des pénitenciers comme Sing-Sing et des asiles d’aliénées. Elles font la connaissance des Cheyennes, des Sioux, des Arapahos, des Shoshones… et ont reçu des noms qui correspondent.

Voici le dernier volet de la trilogie époustouflante débutée en 2000 en France, avec Les Amazones, et après La Vengeance des mères (2016). Dans cet ultime volume, Jim Fergus mêle avec un sens fabuleux de l’épopée romanesque la lutte de ces femmes fortes habituées à se battre et celle des Indiens face à l’oppression des autorités. Ces Amazones intègrent le mode de vie indien au moment où commencent les massacres des tribus et la bataille de Little Big Horn dans le Montana, en 1876, avec la mort du général Custer. Quelques survivantes prennent les armes contre cette civilisation qui vole aux Indiens leurs terres, leur culture et leurs croyances religieuses. Cette tribu fantôme de femmes rebelles passe à la clandestinité de génération en génération.

Dans l’introduction, c’est Molly Standing Bear qui parle en 2019 et prête les cahiers de deux Amazones qui ont vécu Little Big Horn à Jon W. Dodd, sang mêlé, directeur d’un journal local qui les publie. Les carnets s’arrêtent en 1876. Molly appartient aux «Cœurs Vaillants», des guerrières qui comptaient des femmes blanches dès le début de l’aventure. Elles ont formé leur tribu avec leur propre chemin et leurs objectifs sans s’être soumises à l’administration américaine. En 2019, Molly fait la navette entre les deux mondes, prolongement chamanique d’un personnage du XIXe siècle.

Les carnets de May Dodd croisent le récit de Molly McGil ; toutes les deux ont une vie très agitée et dangereuse dans une histoire mouvementée. Dispersées par l’armée, les guerrières se séparent, frôlent la mort puis recherchent leurs enfants. Le propos féministe de Jim Fergus a évolué en vingt ans. Nomade lui-même, il écrit ses romans hors du monde dans sa caravane Air Stream qu’il déplace d’un état à l’autre. C’est un solitaire. Le rapport des forces se construit dans le contexte de la survie d’un groupe humain ; ces femmes portent la promesse d’un avenir compromis

On assiste à l’asphyxie lente mais inexorable des Amérindiens, victimes d’une grande violence sur la terre de la liberté américaine. «Ils ont le teint mat, un faciès mongolique, étrange à leurs yeux, mais d’une beauté saisissante ; ils logent dans des tentes plutôt que des maisons ; c’est une société de nomades, contrairement à celle des blancs ; pour eux, les hommes appartiennent à la nature, sur laquelle ils n’ont aucune prétention».

Eliane Mazerm
( Mis en ligne le 21/10/2019 )
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