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Entretien avec Valérie Martin - Indésirable (Le Livre de Poche, Mars 2010)



- Valérie Martin, Indésirable, Le Livre de Poche, Mars 2010, 375 p., 6.95 €, ISBN : 978-2-253-12822-9

Première publication française en Avril 2008 (Albin Michel)

Traduction de Françoise Du Sorbier


Par-delà les frontières...

Valérie Martin a écrit Indésirable en temps de guerre, la guerre en Irak, à laquelle elle est fortement opposée. Elle a canalisé sa colère et sa déception envers le gouvernement américain dans un livre dérangeant et ambitieux. Indésirable suit une famille bourgeoise américaine qui habite dans l’état de New York au début des combats en Irak. Chloe Dane est la matriarche, protectrice au point d’être étouffante. Son mari, Brendan, historien, est occupé par un autre conflit : les croisades. Leur fils unique, Toby, ramène sa nouvelle copine à la maison, une immigrée croate qui a fui la guerre en Yougoslavie, alors que Chloe se confronte à un autre immigré braconnant des lapins dans son jardin. L’arrivée de ces intrus fait monter les tensions sous-jacentes au sein de la famille...

Valérie Martin livre avec Indésirable une exploration complexe des conflits et des frontières, les frontières familiales et les frontières internationales. À l’occasion de la sortie de ce roman provocateur en France, Parutions.com a rencontré l’auteur.



Parutions.com : Votre roman Trespass est traduit en Français sous le titre Indésirable, ce qui donne un sens un peu différent.

Valérie Martin : Oui, je trouve aussi. La première idée de titre pour Trespass était Intrusion mais les éditeurs n’aimaient pas les connotations que cela avait ; c’était trop éloigné du sens de trespass en Anglais qui est moins fort. Intrusion avait un sens trop marqué. Ce fut donc une décision de l’éditeur au final. Mais d’une certaine façon, je trouve que le titre français fonctionne bien, parce qu’il s’agit de l’intrusion de quelqu’un d’indésirable.

Parutions.com : J’ai lu quelques critiques qui qualifient votre roman de fiction morale. Comment prenez-vous cela ?

Valérie Martin : Oui, j’y ai souvent droit. Une fiction morale… Comme s’il y avait des fictions qui ne le sont pas ! Je pense que ce qu’ils veulent dire se rapproche de ce que les Français appelle la littérature engagée. Ils expliquent qu’il est question d’idées, de politique, de philosophie. En effet, l’idéologie ici prime sur l’évasion. Je vise plus qu’un simple divertissement, quelque chose qui implique le lecteur, pas nécessairement d’un point de vue moral, mais de manière à ce que les gens se posent en effet des questions d’ordre éthique. Je crois que c’est ce que les critiques suggèrent, et ça me va, je prends.

Parutions.com : Quand avez-vous écrit ce roman ?

Valérie Martin : Entre 2003 et 2004, je crois. J’ai commencé juste avant la guerre en Irak ; j’étais en train d’écrire quand la guerre avait lieu. Ce fut donc assez simultané, l’écriture et la situation dans la réalité.

Parutions.com : Comment avez-vous maintenu la distance entre l’écriture et votre propre colère contre cette guerre ?

Valérie Martin : En fait, je n’ai jamais gardé la distance. Il n’y a pas de recul. Je crois que ce roman est plutôt emporté. La distance, je l’ai établie en écrivant sur une autre guerre, sur l’éclatement du conflit en ex-Yougoslavie. Cela ma permis d’étudier ce qui se passait et de comprendre aussi que toutes les guerres se ressemblent. Elles commencent de la même façon, avec cette sorte de nationalisme, d’angoisse envers l’étranger, un acte d’agression dont on pense qu’il faut absolument y répondre et puis une mise en place progressive. Et ça éclate soudainement, vient un moment où il est trop tard. Ce processus m’a réellement intéressée et, en lisant sur l’ex-Yougoslavie, j’ai réalisé qu’il en allait de même avec l’Irak.

Parutions.com : Aviez-vous prêté attention au conflit en ex-Yougoslavie à l’époque ou est-ce venu en écrivant ce roman ?

Valérie Martin : Non, je ne savais rien sur cette guerre et je n’étais jamais allé de ce côté de la planète. J’en ai entendu parler de façon tout à fait accidentelle. Je viens de la Nouvelle Orléans et j’ai appris que tous nos pêcheurs, des pêcheurs d’huîtres, sont Croates. Avant ça, j'envisageais de traiter la guerre au Liban. Mais avec cette histoire de pêcheurs, comme je viens de là-bas et que je connais bien le coin, je me suis dit que j’allais plutôt traiter cette guerre en particulier. Et plus je lisais sur cette guerre, plus j’étais convaincue qu’il fallait que j’écrive dessus, parce que ça me permettait de parler du fossé qui séparait ce qui se passait là-bas et notre vie américaine. Avec le Liban, c’était plus dur parce que cela impliquait d’écrire sur l’Islam. Je voulais parler de la guerre dans un registre plus général, telle qu’elle est depuis toujours, depuis des siècles et encore aujourd’hui. Alors, quand j’ai su pour ces pêcheurs Croates, je suis descendu en Louisiane et j’ai rendu visite et parlé à quelques-uns d’entre eux.

Parutions.com : Quel type d’échange avez-vous eu avec ces hommes ?

Valérie Martin : En réalité, je n’ai parlé qu’à quelques-uns de ces hommes, dans la rue : il y en avait un qui avait quitté la Yougoslavie à cause de la guerre, qui était arrivé dans les années 90 et dont la fille est à l’université ici. J’ai pensé alors que j’avais trouvé mon personnage féminin. Je n’ai ramené au final que quelques impressions, mais cela a suffit, en plus de la visite d’autres villes du coin et de ma connaissance de cette région où je suis née, à me faire comprendre que j’avais là mon sujet.

Parutions.com : Le roman se situe aussi à Trieste en Italie. Pourquoi Trieste ?

Valérie Martin : J’ai regardé une carte et me suis demandé où un homme fuyant la Yougoslavie pourrait se rendre sans prendre l’avion. Trieste est alors évidente. C’est en fait une ville internationale qui partage une longue histoire avec les Balkans. Il m’a donc paru que ce serait une destination naturelle pour des Croates. Et en poursuivant mes recherches, je me suis rendu compte que c’est ce que des dizaines de milliers de Croates ont fait.

Parutions.com : Pour ce qui est des deux autres lieux du roman, La Nouvelle Orléans et New York, vous les connaissez bien.

Valérie Martin : Oui, je suis née dans la première et j’ai vécu dans la seconde pendant 12 ans.

Parutions.com : Quel effet eut sur vous d’écrire sur des endroits que vous aimez et où vous avez vécu ?

Valérie Martin : Dans ce roman, la maison où vivent Chloé, Brendan et Toby est à peu près celle où j’ai vécu. Nous avions aussi un braconnier sur nos terres ; tout cela vient de ma vraie vie. J’aime bien écrire dans mes livres sur des maisons où je vis. Ça me plaît, et c’est facile. Pour ce qui est d’écrire sur la Nouvelle Orléans, c’est très triste à présent car j’ai écrit le roman juste avant Katrina. En fait, l’ouragan a frappé alors que je finissais.

Parutions.com : A l’origine, d’où vous est venu l’inspiration pour ce roman ?

Valérie Martin : Parfois, je perds le fil mais je crois que le braconnier fut le véritable point de départ. Un jour, je suis allé le confronter pour lui dire de ne pas chasser ici ; c’est alors que j’ai réalisé qu’il venait d’un autre pays. J’ai cru que c’était du Liban – je ne sais pas pourquoi. En fait, il était Albanais. Mais j’avais des sentiments vifs à son endroit, je voulais vraiment qu’il quitte mes terres. Et puis, je me suis demandé pourquoi j’étais si violente à son égard, il ne faisait rien de mal, juste tirer sur quelques lièvres. Mais ces sentiments étaient là et, à chaque fois que j’ai ce type d’expérience, je crois que c’est quelque chose qu’il faut que j’examine à travers la fiction. Je me suis donc mise à écrire les premiers brouillons du roman, qui tournaient autour du braconnier et de l’écrivain. Et puis, une nouvelle idée a fait son chemin : je voulais écrire sur la guerre car cette sensation que j’avais envers ce braconnier envahissant mon domaine rejoignait celle qu’ont les gens au début d’une guerre ; ils pensent que leur territoire est menacé. Ce fut ça le lien pour moi, à partir duquel j’ai développé mon idée pour le roman.

Parutions.com : C'est intéressant car on peut croire à la lecture du roman que tout cela revêt une dimension métaphorique ou symbolique alors qu'en fait, c'est enraciné dans la réalité. Même si les deux dimensions se font écho, le braconnier n'est donc pas seulement une allégorie. Comment avez-vous géré la chose ?

Valérie Martin : Je suis contente que vous souligniez cela car c'est important pour moi. Je ne veux pas que mes personnages servent de symboles pour quoi que ce soit. J'essaye de créer dans mes romans un sentiment de réalité puissant, de manière à ce qu'il ne soit pas possible de trop romancer l'histoire. Il n'est donc pas utile ni intéressant de parler des personnages comme s'il s'agissait de symboles. Je veux que le lecteur se confronte à une réalité solide et brutale afin qu'il ne s'interroge pas sur le sens et la portée de l'ensemble mais qu'il ait une véritable expérience, quasiment un vécu, en lisant.

Parutions.com : De ce point de vue, l'Histoire, comme discipline, jour un rôle important. Vous ajoutez de la théorie de l'Histoire, des passés plus ou moins récents ou lointains et des évènements contemporains. Comment avez-vous superposé ces différents niveaux historiques ? Quel était votre but en mêlant tout cela ?

Valérie Martin : Je voulais insister sur la continuité et l'atemporalité du thème : la guerre, comment elle commence et ce qui arrive aux êtres humains dans un contexte de guerre, depuis toujours. Et je voulais remonter très loin. J'avais beaucoup lu sur Frédéric Ier [Empereur du Saint Empire Romain Germanique, au XIIe siècle], lui-même sujet des recherches de mon personnage Brendan. Alors que j'écrivais une biographie sur Saint François d'Assise, j'ai souvent croisé la vie de Frédéric Ier, dit le Stupor Mundi, et j'ai toujours voulu utiliser ces histoires. Et l'occasion est arrivée avec mon personnage historien qui s'interroge sur le rôle de Frédéric Ier pendant les croisades, la rencontre de l'Orient et de l'Occident, de la Chrétienté et de l'Islam, et leur affrontement.

Parutions.com : J'aime tout particulièrement la présence d'autres livres dans votre roman. Il y a Chloe qui travaille sur Les Hauts de Hurlevent et ensuite Brendan qui écrit une histoire sur Frédéric Ier. Comment avez-vous travaillé de si près avec ces autres textes ?

Valérie Martin : J'adore cette idée de livres dans le livre. Les Hauts de Hurlevent est en outre si connu, tout le monde l'a lu et sait qui est Heathcliff. J'ai ici un personnage très symbolique justement, mais qui n'est pas le mien. Par ailleurs, pour moi, un roman constitue toujours une discussion avec ce que j'ai lu ; je pense toujours à toutes mes lectures. Du coup, mentionner des livres qui me sont chers à l'intérieur de mes propres romans prend beaucoup de sens pour moi : cela instaure un dialogue avec le lecteur qui connaît les romans que je cite et qui sait à quoi ils font référence.

Parutions.com : Pourquoi Les Hauts de Hurlevent ?

Valérie Martin : Je savais dès le début que ce serait le roman sur lequel travaillerait Chloe. Parce que c'est l'histoire romantique d'un marginal, d'un outsider, qui arrive et détruit deux foyers. Et aussi parce que cette histoire d'une histoire me semble très touchante. Emily Bonte a écrit sur des passions dévorantes alors qu'elle a vécu une vie si triste et qu'elle est morte jeune. Il y a quelque chose de très émouvant dans ce livre pour moi ; du coup, que Chloe en soit l'illustratrice, elle qui connaît la puissance du roman, mais aussi l'auteur et sa famille, cela m'émeut encore plus. Cela donne un lumineux effet de miroir d'un art à l'autre.

Parutions.com : Avez-vous dessiné quelques-unes des illustrations de Chloe ?

Valérie Martin : J'ai essayé ! Mais tout cela est très maladroit. Je n'ai pas un grand sens de la composition. Mais oui, pour répondre à la question, le manuscrit comporte toutes sortes de petits dessins. J'écris en effet à la main ; alors, quand les mots me manquent, je dessine une image de l'idée.

Parutions.com : Chloe est un personnage intéressant. Quand on lit des témoignages de lecteurs, beaucoup insistent sur leur lien avec ce personnage...

Valérie Martin : En effet, ils l'adorent ou la détestent. L'avez-vous détestée ?...

Parutions.com : Non, je ne la déteste pas. Je n'en voudrais pas pour mère, mais, l'un dans l'autre, je ne l'ai pas détestée. Dans votre précédent roman, Property [en France, Maîtresse, Albin Michel, 2004 / Livre de Poche, 2006], le personnage principal, Manon, est par contre franchement désagréable. Comment avez-vous passé tout ce temps à écrire sur des personnages aussi peu aimables ?

Valérie Martin : C'est intéressant pour moi, cette idée très américaine que les personnages doivent être sympathiques, sans quoi personne ne lira le livre. Je pense que c'est une idée plutôt absurde ; je pense à tous ces personnages fort désagréables de la littérature classique : Madame Bovary, Raskolnikov chez Dostoïevski, Meursault chez Camus ou de nombreux personnages de Dickens. Du coup, j'essaye vraiment de résister à ce besoin anglo-saxon de personnages sympathiques. Mais il est difficile de résister car les éditeurs, et surtout les agents, rejetteront un roman en disant que les personnages sont trop antipathiques, qu'ils ne les aiment pas et ne souhaitent par conséquent pas qu'on lise leurs histoires. Bien sûr, dans la vie, quand vous n'aimez pas quelqu'un, vous ne passez pas du temps avec. Mais c'est différent dans un roman, je pense. Examiner des caractères extrêmes a toujours fait partie pour moi de l'entreprise romanesque. Je me sens du coup plutôt obligée de créer des personnages peu séduisants, et convaincre le lectorat de lire à leur sujet. D'après moi, ce fut un succès en l'occurrence avec Manon. La plupart des gens l'ont trouvée abjecte mais ils se sont engagés dans une sorte de relation avec elle. Le cas de Chloe est plus ambigu car elle semble diviser les lecteurs. Un ami qui a un fils déjà grand m'a appelée après avoir lu le livre pour me dire qu'il trouvait que j'avais là un personnage formidable, que Chloe tente de protéger sa famille contre cet intrus et qu'elle fait donc ce qu'il faut. D'autres disent que c'est tout simplement un monstre.

Parutions.com : Diriez-vous que vous aimez Chloe ?

Valérie Martin : Je pense qu'elle contrôle la situation. Dans une certaine mesure, c'est un reflet de mon propre sentiment en tant que mère. Je pense que le parent que j'aimerais être, c'est Brendan. Mais il m'arrive d'être plus comme Chloe. Ils incarnent pour moi les deux attitudes extrêmes à adopter en tant que parent, deux façons de se comporter avec ses enfants.

Parutions.com : Avez-vous recours à des éléments autobiographiques dans vos romans ? Pensez-vous qu'il y a toujours un peu de vous dans vos personnages ?

Valérie Martin : Il y a une part de moi dans chacun de mes personnages, je pense, et je suis souvent surprise de ce que je peux retrouver en eux. Mais il y a aussi une réelle distance entre moi et eux. J'ai l'impression que je suis un peu comme leur Dieu et, passé un certain temps, j'essaye de me séparer d'eux. Le vécu de Chloe est plus proche du mien parce que j'ai un enfant, elle a grandi, j'ai été marié, j'ai des engagements artistiques et j'ai aussi un braconnier ! Elle est donc plus proche de moi que les autres personnages du roman et que tout autre personnage sur qui j'ai écrit. J'essaie sinon de m'éloigner de l'autobiographie. Ça ne m'intéresse pas de parler de moi ; je vis une existence plutôt tranquille ; ce serait ennuyeux !

Parutions.com : Vous avez également été professeur pendant un long moment. D'après vous, un étudiant apprenti écrivain tirera-t-il plus de profit d'un cours de littérature ou d'un atelier d'écriture ?

Valérie Martin : Je préfère l'enseignement de la littérature parce que je crois qu'on peut vraiment aider les étudiants à voir ce que renferme la littérature. On peut les aider à comprendre que la littérature est un dialogue sans fin. J'essaie de les convaincre de ne pas lire avec cette méthode pesamment symbolique, pourtant tellement à la mode ; je ne suis pas cliente des processus de déconstruction des textes. Je reste plutôt sensible au lien unissant un roman et son époque, comment un livre naît de la culture de son temps. Pour ce qui est de l'enseignement de l'écriture, je crois que j'insiste plus sur la construction globale d'un livre ; pour les jeunes écrivains notamment, il y a des recettes que l'on peut apprendre et maîtriser très vite : comment rendre les choses plus visuelles, comment bien débuter une scène, comment créer des personnages complexes ou encore comment choisir le meilleur point de vue dans une histoire. Et puis aussi des éléments pour déterminer sa propre voix, quel type de narration convient le mieux à chacun, ce que sera finalement votre style. J'essaye de faire comprendre à mes étudiants que ce qui fait un grand livre et un grand auteur, c'est qu'il y a dans chaque livre un élément immédiatement reconnaissable, en une seule phrase. Vous savez, parfois, dans les examens, on vous soumet simplement des citations et vous devez être capable d'en identifier le livre. Ce que l'on reconnaît alors, c'est le style de l'auteur, qui lui est si particulier. Mon objectif avec les étudiants/écrivains, c'est de les aider à trouver ça, leur propre manière de raconter une histoire, leur style. C'est tout. Mais c'est déjà beaucoup !

Parutions.com : Y a-t-il des romans sur lesquels vous aimez particulièrement enseigner ?

Valérie Martin : Il y a certaines histoires que j'aime bien enseigner oui : mes deux préférées sont Les Morts de James Joyce et, au risque de paraître morbide, La Mort d'Ivan Ilitch [Tolstoï]. J'aime utiliser les nouvelles du XIXe siècle car les étudiants ne les ont en général pas lues alors que c'est de ces grandes histoires qu'est née la littérature contemporaine, même quand les auteurs actuels ne les ont pas lues. Tchékhov est un auteur très important pour moi ; je prends toujours du plaisir à présenter Le Duel, une histoire folle et merveilleuse avec des personnages sauvages. Et j'aime aussi des auteurs comme Hawthorne et Melville, des classiques américains. Je pense que les étudiants devraient continuer à lire ces œuvres. Les intrigues chez Hawthorne sont toujours très romantiques, sombres et sauvages. Les étudiants sont toujours surpris de la modernité de ces histoires et à quel point tout ce qui se produit actuellement y était déjà présent, surtout pour la littérature américaine. Pour finir, j'adore Henry James.

Parutions.com : Quels sont les auteurs contemporains que vous affectionnez ?

Valérie Martin : Et bien, je suis surtout dans un travail de recherche et je ne lis pas trop d'auteurs actuels. Mais parmi ceux que j'admire, je peux citer J.M. Coetzee, Margaret Atwood, Doris Lessing et Joyce Carol Oates. J'aime quelques-uns des jeunes auteurs qu'on appelle aux États-Unis The Young Turks, David Foster Wallace par exemple. Je ne suis pas très fan de Philip Roth, par contre. Quand j'étais étudiante, je lisais Updike et Cheever, et je continue de les apprécier. Et bien sûr, pour moi, les auteurs du Sud comme Faulkner, Eudora Welty et Flannery O'Conner sont très importants.

Parutions.com : Vous dites que vous ne vous considérez pas comme un auteur du Sud. Comment vous qualifie-t-on en tant qu'écrivain et comment vous voyez-vous vous-même ?

Valérie Martin : C'est vrai qu'on me définit souvent comme un auteur du Sud, parce que je viens de là et que, dans une certaine mesure, j'en suis un. On m'a également qualifiée d'écrivain gothique et certains de mes livres comportent en effet des éléments gothiques, par exemple Mary Reilly où c'est assez présent ; je suis attirée par l'obscurité de la littérature gothique, par la lumière particulière de ces histoires. Mais en même temps, j'aime beaucoup les livres très réalistes. Mais on ne m'étiquette pas trop et je crois que j'ai travaillé pour ça. J'aime écrire sur l'Amérique, sur l'innocence des Américains vis-à-vis du monde, alors qu'ils ne sont plus si innocents... Notamment aussi sur les Américains qui conservent un lien avec l'Europe.

Parutions.com : Est-ce que le narrateur à la troisième personne dans Indésirable est un Américain innocent ? Imaginez-vous un personnage particulier pour cette voix ?

Valérie Martin : Oui, c'est moi...

Entretien mené en Anglais par Caitlin McKenna le 9 avril 2008 (Traduction de Thomas Roman)
( Mis en ligne le 14/07/2010 )
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