L'actualité du livre
Littératureet Poches  

Dans le silence du vent
de Louise Erdrich
Le Livre de Poche 2015 /  7.90 €- 51.75  ffr. / 504 pages
ISBN : 978-2-253-08714-4
FORMAT : 10,8 cm × 17,7 cm

Première publication française en août 2013 (Albin Michel)

Isabelle Reinharez (Traducteur)


Vengeance

Publié en 2012 aux Etats-Unis, Dans le silence du vent y a reçu le National Book Award et c’est avec impatience que l’on attendait en France le dernier roman de Louise Erdrich, une des romancières américaines les plus talentueuses, que de nombreuses caractéristiques rapprochent de Laura Kasischke ou de Joyce Carol Oates.

Comme toujours, l’histoire entreprise se déroule dans une communauté indienne, les Chippewas, dont est issue l’auteur, et pose le problème du rapport entre les communautés amérindiennes et les Blancs américains. Joe, adolescent de 13 ans, voit sa vie basculer quand il retrouve sa mère, violée et gravement blessée. Alors que l’enquête semble difficilement aboutir et que la justice paraît impuissante, la question que Louise Erdrich pose et à laquelle Joe est confronté est celle de la quête de la justice : que se passe-t-il dans une famille lorsque la justice est inatteignable, que les adultes ne parviennent pas à traiter une situation de manière juste ? En quelques mots, est-il juste que Joe se venge ?

La détresse et le désarroi dans lesquels ce drame plonge l’adolescent lui font quitter l’état d’innocence dans lequel il vivait au sein de sa famille et au milieu de sa bande de copains qui parcourent la réserve au guidon de leurs vélos, pour le plonger dans les questions complexes de l’âge adulte où les décisions que l’on prend font peser lourd sur les épaules le poids des responsabilités que l’on doit assumer. De la même manière que ce passage de l’enfance à la maturité constitue une frontière, beaucoup de l’intrigue se noue autour de cette question des limites : entre la réserve et le monde des Blancs, entre les Blancs et les Indiens, entre la tradition indienne et la modernité et bien sûr entre le licite et l’illicite, entre le bien et le mal.

On sent que Louise Erdrich s’est glissée avec bonheur dans la peau du narrateur, le jeune Joe, qu’elle a su laisser son esprit être bousculé par les pulsions de vie et de mort de l’adolescent dont la quête s’accompagne des croyances et traditions indiennes. La nature, qu’elle soit protectrice ou bien hostile, arpentée par Joe et ses amis, tient une place presque faulknérienne dans ce roman porté par un souffle tragique et magnifique.

Amélie Bruneau
( Mis en ligne le 11/12/2015 )
Droits de reproduction et de diffusion réservés © Parutions 2024
www.parutions.com

(fermer cette fenêtre)