Littérature
Poches de Ian McEwan
Gallimard - Folio 2017 / 7,20 €- 47.16 ffr. / 237 pages
ISBN : 978-2-07-271458-0
FORMAT : 10,8 cm × 17,8 cm
Première publication française en octobre 2015 (Gallimard - Du Monde Entier )
France Camus-Pichon (Traducteur)
Madame le juge
Fiona est une femme "dans la petite enfance de la vieillesse", juge installée, fin de carrière, spécialisée en droit de la famille : divorces, gardes, pensions fondent un quotidien et une réputation. Fiona subit d'ailleurs elle-même l'affront classique de l'adultère. Son mari Jack la trompe pour plus jeune qu'elle. A la porte, Jack.
Sur ce fond personnel tendu, parfaitement rendu par l'auteur, le hasard vient broder une affaire particulièrement délicate : Adam, 18 ans dans quelques semaines, est atteint d'une leucémie. La religion de sa famille lui interdit toute transfusion sanguine. Les Henry sont témoins de Jéhovah. Fiona doit délibérer, revenir aux textes, examiner les précédents, prendre en compte la majorité imminente de l'adolescent, la liberté religieuse, "l'intérêt de l'enfant". Elle finit par rencontrer Adam, jeune homme très affaibli mais lucide, en fait particulièrement lucide. Et poète...
La trame est à la fois simple et complexe. Sa réputation est faite : Ian McEwan excelle une fois encore avec ce portait pointilliste et psychologique d'une femme, juge solide, épouse fragile, marqueterie de sentiments sous contrôle, autant que possible.
L'écriture coule, à la goutte prés. Le lecteur boit, sirote, amateur contenté par ce souci de la structure, des personnages, les précautions, attentions, détails qui comptent ; une ambiance dans un mot. Juste et subtile pesée des choses. Pour dire la solitude, nos extrêmes solitudes habillées de sourds dialogues. Les héros de McEwan sont ces satellites un peu fous tentant l'approche sans crash, le contrôle de leurs dérives, sans succès. Juste leurs tentatives.
La première moitié du roman emporte, la seconde un peu moins, comme si l'attention de l'écrivain/orfèvre se relâchait un peu, marchant vers un dénouement inattendu mais logique. Un très bon cru tout de même.
Thomas Roman
( Mis en ligne le 10/04/2017 )
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