L'actualité du livre
Littératureet Poches  

Neptune Avenue
de Bernard Comment
Seuil - Points 2020 /  7,40 €- 48.47  ffr. / 272 pages
ISBN : 978-2-7578-8188-0
FORMAT : 11,0 cm × 18,0 cm

Première publication en mars 2019 (Grasset)

Impuissance…

Romancier et essayiste suisse, Bernard Comment publie un roman nostalgique sur le temps qui passe, les amours anciennes, les disparitions… Son personnage s’épanche par fragments sur l’itinéraire qui l’a conduit dans ce quartier new yorkais excentré et plutôt pauvre, près de Coney Island, au bord de l’océan, dans un immeuble situé Neptune Avenue.

Un immeuble dont on comprend qu’il est bien au-dessous des moyens du narrateur et qu’il l’a choisi pour suivre une mystérieuse Bijou, jeune femme métisse qui vit pleinement sa vie, totalement indépendante, au gré de ses envies. Les minces cloisons interdisent toute intimité aux habitants, et les voisins Jim et Timothée se plaignent en permanence de la chaleur écrasante, de la rareté des magasins, de l’éloignement de Manhattan, de l’hostilité réelle ou supposée des commerçants de Little Odessa. Un été new yorkais dont on sent la pesante chaleur.

Son appartement, au 21ème étage, lui offre une vue superbe, jusqu’au jour où une panne d’électricité le réduit à l’impuissance. Comment sortir ? Descendre les 21 étages ? L’immeuble peu à peu se vide de ses occupants. Lui, il parvient avec l’aide de Bijou à descendre s’installer dans un appartement délaissé, mais son désir de transmission reste intact et va se révéler impossible à réaliser…

Le narrateur se remémore par bribes sa vie de cadre très aisé, sa solitude, et surtout ses amis de jeunesse : la flamboyante Nina et Bob, son compagnon. L’un et l’autre ont disparu, Nina morte jeune en laissant une fille, Bijou… Malade, d’une maladie impitoyable qui le conduit peu à peu à la perte de mobilité, le narrateur n’a plus qu’un désir : «Tout ce qu’il me reste à vivre, le vivre avec Bijou. Voilà mon rêve. Voilà ma souffrance». Mais pour transmettre, il faut que le don soit accepté…

Un roman sur l’impuissance : l’impuissance du narrateur à donner sens à sa vie après la perte de la femme aimée qu’il ne pouvait arracher à son ami, l’impuissance peut-être à dire au bon moment les mots libérateurs, l’impuissance à transmettre si l’autre refuse, l’impuissance symbolisée par la maladie qui le conduit à l’inéluctable perte de mobilité, paralysie. Une réflexion également, dans l’air du temps sur la décroissance, la vie dans l’instant, la solitude de l’individu.

Un roman nostalgique, mélancolique avec des personnages qui passent, fragiles silhouettes que l’on entend davantage qu’on ne les voit, faiblement incarnées sous la plume du narrateur.

Marie-Paule Caire
( Mis en ligne le 30/11/2020 )
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