L'actualité du livre
Littératureet Poches  

La Correspondante
de Eric Holder
J'ai lu 2002 /  5 €- 32.75  ffr. / 160 pages
ISBN : 2-290-31813-2

L'Homme de plume et la femme de lettres

Le narrateur, Eric Holder, est déjà un écrivain connu lorsqu'il reçoit une lettre de Geneviève Bassano. Les courriers d'admiratrices, il connaît. Pourtant, la lettre de Geneviève le trouble. Une petite phrase toute simple ici, quelques mots inattendus là, simplement déposés les uns à côtés des autres…

Immédiatement, Eric tombe sous le charme. Il ne s'y trompe pas: ces lignes sont l'oeuvre d'une main exercée, d'une main qui déjà semble amie. Très vite, Eric rencontre Geneviève. Elle habite St-V, un petit village perdu dans les environs de Châteauroux. Elle est la femme d'un riche homme d'affaires et la mère de deux enfants. Mais Eric et Geneviève s'attirent irrésistiblement, et les visites d'Eric se multiplient. Leur passion clandestine ne cesse de grandir. Pour Geneviève, Eric va sacrifier sa vie de famille. La détresse de sa femme, l'indifférence croissante de ses deux enfants, qui s'habituent aux absences prolongées de leur père, rien n'y fait. Parce que Geneviève le fascine. Et parce que, là-haut, terré comme un fauve dans le grenier de la riche demeure des Bassano, à lire Michaux et à écouter Bach, il se sent bien.

Jusqu'au jour où l'amour s'en va, aussi vite qu'il était venu. Comme ça, pour rien. Parce qu'Eric se lasse, simplement, ou parce que Geneviève l'agace, ce qui revient au même. Eric quitte son grenier. Du jour au lendemain, Geneviève sort de sa vie. Mais le souvenir demeure. Et avec lui, l'envie de tout raconter…

Eric Holder livre là un roman très intimiste, écrit presque sur le ton de la confession : des chapitres d'une page ou deux à peine, pareils à des archipels de mots précieux, qui font alterner récits d'Eric et lettres ou messages de Geneviève. Un roman prenant, qui plus est : on se laisse volontiers entraîner dans les longues déambulations nocturnes d'Eric, et fasciner par la relation quasi surréaliste des deux héros, liés semble-t-il par quelque affinité élective. Curieuse idée cependant que ce jeu sur l'homonymie de l'auteur et du narrateur, qui laisse planer l'incertitude quant au caractère autobiographique de l'histoire. Quel intérêt le roman peut-il bien y gagner ? Aveu discret, ou simple complaisance de l'écrivain ?

Sylvain Prudhomme
( Mis en ligne le 07/05/2002 )
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