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Littératureet Récits  

Le Singe appliqué
de Jean-Louis Brau
Le Dilettante 2012 /  25 €- 163.75  ffr. / 541 pages
ISBN : 978-2-84263-706-4
FORMAT : 14,0 cm × 20,3 cm

Une vie

Jean-Louis Brau, décédé en 1985, laisse une œuvre géniale et diverse qui va du Guide du bricoleur au Dictionnaire de l’astrologie en passant par une Histoire de la drogue. En 1972, il publie Le Singe appliqué, récit de sa vie.

En faisant ses «travaux d’écriture», 40 ou 65 mille signes pour «untel éditeur», qui lui permettent de vivre, Jean-Louis Brau évoque ses souvenirs. L’armée, l’opium, la littérature, l’alcool et le sexe, la peur, il a tout expérimenté. Il parcourt les évènements mondiaux, conflits et autres au travers de sa vie et de personnages hauts en couleur.

Saïgon, Nha, Phnom Penh, l’Indochine des années cinquante : Arrig qui ne s’endort jamais avant quatre heures du matin et, les yeux grands ouverts, attend l’assaut dans le noir. Le bruit du sachet de cellophane dans lequel il puise les bonbons à la menthe qu’il suçote sans arrêt empêche la chambrée de dormir. Mora non plus ne dort pas. C’est quelqu’un Mora. De lui, Jean-Louis a appris l’amour immodéré des bottes, les belles bottes de campagne qui tiennent si bien des orteils au mollet en laissant la cheville libre mais bien tenue. On peut en plaisanter, mais quelquefois la réussite d’une opération de campagne peut tenir à une paire de bottes. Il y a aussi Dur que Jean-Louis accompagne au bordel militaire de campagne, Les Cent Fleurs, où il a ses entrées particulières.

Au B.M.C., Jean-Louis croise régulièrement le vieux Tchou que sa vie épique et aventureuse a fait courir de Moscou à Canton. Jean-Louis, lui, a été promu par le colonel quelque peu embarrassé «responsable des Cent Fleurs» et chaque jour il conduit les demoiselles d’amour à travers les rues de Nha chez le médecin militaire : la santé morale et physique des hommes est en jeu. Un tour du monde comparatif et désenchanté du moral et du savoir-faire des putes ordinaires. Il y a aussi Vo et le pilote américain unijambiste, trafiquants d’opium à l’avantage des Chinois nationalistes avec lesquels Jean-Louis fait un voyage, armé pour leur seule défense, d’une dérisoire carabine M2.

Il faut, pour apprécier et goûter justement cette évocation de vie, une solide culture tant politique que littéraire. Le foisonnement de personnages, la luxuriance d’évènements font de cet ouvrage, au choix de chacun, soit un livre de chevet que l’on peut prendre et laisser à son gré, soit un roman à dévorer sans le lâcher.

Anny Lopez
( Mis en ligne le 21/05/2012 )
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