L'actualité du livre
Littératureet Récits  

Un million de minutes - Comment j'ai exaucé le souhait de ma fille et trouvé le bonheur en famille
de Wolf Küper
Actes Sud - Lettres allemandes 2018 /  22,50 €- 147.38  ffr. / 326 pages
ISBN : 978-2-330-10398-9
FORMAT : 11,5 cm × 21,6 cm

Rose Labourie (Traducteur)

La recherche du temps perdu

Ce témoignage d’un père allemand est sous titré : Comment j’ai exaucé le souhait de ma fille et trouvé le bonheur en famille. Wolf Küper, docteur en biologie environnementale et expert pour les Nations Unies, coule une vie de baroudeur de luxe autour du monde et voit en coup de vent ses enfants, Nina (4 ans) et Simon (un nouveau-né). Or la fillette, après maintes consultations, est diagnostiquée souffrant d’ataxie, sa motricité fine étant gravement atteinte, ce dont elle gardera des séquelles toute sa vie.

Quand le père, toujours pressé, dit à Nina qu’il a dix minutes pour lui raconter des histoires, dans son lit, elle lui répond : «Dix minutes pour trois histoires ? T’es pas bien dans ta tête. Ah ! Papa je voudrais avoir un million de minutes avec toi rien que pour les jolies choses, tu vois ?». C’est le déclic, Wolf Küper voit son image se fissurer, la vacuité d'une existence apparemment brillante, et réalise l‘importance de sa famille, Nina surtout, qui a tant besoin de lui et d’être mise en valeur pour gagner en confiance malgré son handicap.

L’ancien carriériste aux dents longues commence à estimer la valeur des moments partagés. La petite phrase de Nina chemine dans l’esprit du père, elle modifie son comportement et sa façon d’appréhender la vie. Après avoir vendu tous leurs biens matériels dont la bibliothèque bien aimée, les parents et les enfants partent pour un long voyage, pendant presque deux ans : un million de minutes. «En gros, c’est ainsi que je m’étais imaginé la chaîne de création inversée : le papier imprimé (livres) devient un poids qui devient de l’argent qui devient du temps qui devient un voyage autour du monde».

Dans le dénuement nécessaire au voyage, Wolf se rend compte que les choses sont... dispensables. Ils vont sillonner les plages de Thaïlande, l'Australie et la Nouvelle Zélande, lieux où les enfants peuvent s’épanouir en toute liberté, vivre à un rythme naturel et s’adapter à de nouvelles situations sans contraintes. Pour lui, c’est tout un apprentissage que de ralentir son rythme de vie, de se comporter comme les enfants qui n’ont besoin de presque rien.

Il est persuadé de la nécessité de se battre pour ses rêves. Ce voyage, qui est donc aussi intérieur, l’aide à avoir une meilleure image de lui-même. Il est d’autant plus sensible aux difficultés de Nina, aux limites de son développement ; il est fier aussi, car il a tout tenté pour qu’elle soit heureuse.

Le voyage va bientôt se terminer, le million de minutes s’est écoulé, Wolf constate que la notion de propriété est relative ; il se demande comment il a pu se tromper à ce point et régir sa vie avec ses obligations professionnelles et la possession de choses inutiles... comme une collection de montres de luxe. Au retour, la famille souffre d'un choc culturel inversé et doit difficilement se réintégrer dans sa culture d’origine, pas du tout préparée à cette expérience psychologique. C’est le moment le plus dur.

Un témoignage poignant et une expérience de vie originale, rendus d'une écriture fluide et réaliste, attentive aux sentiments des enfants.

Eliane Mazerm
( Mis en ligne le 04/07/2018 )
Droits de reproduction et de diffusion réservés © Parutions 2024
www.parutions.com

(fermer cette fenêtre)