L'actualité du livre
Littératureet Policier & suspense  

La Danse de la mouette
de Andrea Camilleri
Fleuve noir 2014 /  20,20 €- 132.31  ffr. / 298 pages
ISBN : 978-2-265-09399-7
FORMAT : 14,0 cm × 22,5 cm

Serge Quadruppani (Traducteur)

Mort sur la plage

Le nouveau roman d’Andrea Camilleri, le quinzième de la série consacrée au commissaire de la bourgade fictive de Vigata (Porto Empedocle en Sicile), s’ouvre sur une vision onirique. Salvo Montalbano, cinquante-sept ans, fait un rêve éveillé, un cauchemar plutôt, au travers d'une image qui porte malheur : la danse d'une mouette mourante.

Dans la lumière de l’aube au printemps, il croit difficilement qu’un oiseau puisse mourir de cette façon, en battant des ailes et en tournant sur lui-même, émettant des cris rauques. Salvo a la nette impression que la mort est vraiment là, même si on ne la voit pas ; il y a de quoi ruiner une belle journée ! «Elles mouraient toutes ainsi les mouettes, elles faisaient cette espèce de danse déchirante ? Il n’arrivait pas à s’ôter cette image de la tête». La danse est la métaphore de la mort, mise en scène des derniers instants de la vie.

Montalbano se rend au commissariat pour signer quelques papiers avant de partir en week-end avec son éternelle fiancée Livia, une génoise, qui l’a rejoint pour quelques jours. Mais l’agent Catarella essaie de lui expliquer dans son vocabulaire particulier que l’inspecteur Fazio, son collaborateur le plus fidèle et ponctuel, a disparu. La situation est grave car Fazio n’est pas rentré chez lui et son téléphone est muet. Le commissaire part à la recherche d’une trace et oublie complètement Livia.

L’inspecteur a été vu pour la dernière fois sur le port, alors qu’il avait dit à son épouse avoir un rendez-vous de travail avec le commissaire. En réalité, un homme mystérieux, un ancien camarade de classe devenu danseur, l’a appelé toute la semaine en espérant prendre contact avec lui. Ce Manzella voulait peut-être dénoncer un trafic d’armes sur le port ou lui faire part d’une affaire plus grave concernant la mafia. Puis un témoin aperçoit Fazio dans la campagne autour de Vigata, dans une zone d’anciens puits artésiens, peut-être un cimetière sauvage pour Cosa Nostra (la mafia sicilienne). En effet, émerge un premier cadavre…

Cette enquête est d’une facture classique, la prose porte un flux continu d’images tirées de la sagesse populaire. L’histoire est bien articulée et l’alternance réussit à créer le juste équilibre entre le suspens et l’ironie, typique du maître du polar italien et sicilien, «le giallo». Quant à la traduction de l’italien sicilianisé, on peut émettre des réserves sur la reformulation des mots par Serge Quadruppani qui alourdit la phrase inutilement. Les mots sont rallongés et ne correspondent pas du tout au français du midi comme le croit le traducteur : «ça fait si longtemps que je ne vous visse ! Votre assence me pesa tellementement ! Tout, Gallo m’araconta tout ! Ce matin je tiliphonai au ‘pital…». Il y a également un vrai problème sur la traduction de certains temps passés utilisés en italien mais pas en français.

Mais malgré ces lourdeurs répétées, on a beaucoup de plaisir à suivre le commissaire Montalbano dans ces nouvelles aventures.

Eliane Mazerm
( Mis en ligne le 03/02/2014 )
Droits de reproduction et de diffusion réservés © Parutions 2024
www.parutions.com

(fermer cette fenêtre)