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Littératureet Policier & suspense  

L’Autre bout du fil
de Andrea Camilleri
Fleuve noir 2021 /  19,90 €- 130.35  ffr. / 288 pages
ISBN : 978-2-265-15510-7
FORMAT : 14,1 cm × 21,0 cm

Serge Quadruppani (Traduction)

Meurtre aux ciseaux…

A la fin de sa vie le grand auteur sicilien de romans policiers, Andrea Camilleri (1925-2019) fut atteint de cécité, mais il poursuivit son oeuvre en dictant ses textes. L’Autre bout du fil est le premier roman ainsi dicté dans la série des Montalbano.

Le lecteur retrouve avec plaisir le héros récurrent, le commissaire Montalbano, toujours indéfectiblement attaché à sa Sicile, savourant avec une gourmandise constante la gastronomie locale à la table d’Enzo. Sa lointaine fiancée du nord, Livia, demeure présente, mais surtout par téléphone. C’est d’elle que démarre l’intrigue de L’Autre bout du fil car elle exige de lui deux concessions douloureuses : se faire faire un costume neuf et se rendre dans le Nord pour un anniversaire de mariage d’amis.

Pour différentes raisons, Montalbano rechigne, d’autant que, si ses jours sont occupés aux affaires courantes du commissariat, ses nuits le sont à gérer tant bien que mal l’afflux régulier de migrants venus par bateau, entassés par des passeurs sans scrupules. Pourtant, ce que femme veut… et à contrecœur, il se rend chez Elena, la couturière indiquée ; or, à sa grande surprise, il tombe sous son charme. Mais quelques jours plus tard, celle-ci est assassinée sauvagement à coups de ciseaux de tailleur. Montalbano mène donc l’enquête, assisté de ses habituels commensaux, Catarella, Augiello et Fasio.

Hors de question de dévoiler une intrigue fertile en rebondissements. En arrière plan, le drame que vivent les migrants, rehaussé par les charismatiques figures de Meriam, l’assistante tunisienne d’Elena et du docteur Osman, ajoute une densité à l’intrigue policière même s’il n’existe aucun lien entre ces deux éléments.

Comme dans les romans précédents, la traduction de Serge Quadruppani ajoute au charme d’un récit qu’on «entend» à voix haute dans une langue qui mélange dialecte, registre populaire et registre courant. Dans une introduction chargée d’amitié, le traducteur explique ses choix pour rendre vivant en français le ''Camillerese''. ''Traducteur-traître'', dit l’adage : ici le traducteur multiplie de façon heureuse les efforts pour trahir le moins possible son auteur, et le lecteur éprouve souvent l’envie de lire à haute voix ce texte à l’expression savoureuse. L’intrigue elle-même passe presque au second plan… moins importante que l’ambiance générale, les pittoresques assistants de Montalbano, les plaisirs de la table…

Marie-Paule Caire
( Mis en ligne le 08/09/2021 )
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