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Littératureet Policier & suspense  

Arsène Lupin et le mystère d'Arsonval
de Michel Zink
Editions de Fallois 2004 /  15 €- 98.25  ffr. / 152 pages
ISBN : 2-87706-497-2

Quand Arsène Lupin entre au Collège de France

Rares sont les professeurs au Collège de France, membres de l’Institut de surcroît, qui se prennent suffisamment peu au sérieux pour s’aventurer bien loin de leur domaine et s’exposer dans l’art, souvent bien hâtivement et sottement méprisé, du roman policier. C’est le pari qu’a choisi de relever, avec succès, l’un des nos plus éminents spécialistes de la littérature médiévale, Michel Zink, membre de l’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres. Double gageure en vérité car, non content de commettre un polar, le très distingué médiéviste se lance dans le genre, toujours très délicat, du pastiche. Et pas n’importe lequel : il s’agit ni plus ni moins que de redonner vie à Arsène Lupin, l’illustre gentleman cambrioleur de Maurice Leblanc.

En 1902, sur fond d’affaire Dreyfus finissante, et alors que son très actif défenseur Emile Zola vient de mourir, l’inspecteur Ganimard, éternel adversaire malheureux de Lupin, est chargé d’élucider un mystérieux vol commis dans l’un des hôtels particuliers parmi les plus huppés du faubourg Saint-Germain. Ce vol a été commis, alors même qu’Arsène d’Arsonval, membre de l’Académie des Sciences, professeur au Collège de France, y faisait la démonstration, devant un auditoire nombreux, de ses nouvelles inventions. Mais au fait, a-t-on vraiment dérobé ses bijoux à la marquise d’Arnac ? Pourquoi ce cambriolage la fait-elle trembler pour son amant ? Les rumeurs sur la double vie de la seconde épouse de l’éminent d’Arsonval sont-elles fondées ? En se rendant au fin fond du Limousin, sans informer sa hiérarchie de ses soupçons, l’inspecteur Ganimard ne court-il pas à sa perte ?

L’intrigue, menée d’une main de maître jusqu'à un dénouement bien surprenant, se partage en effet entre Paris et le Limousin. L’inspiration est venue à l’auteur lors de ses séjours dans la propriété familiale que d’Arsonval a léguée au Collège de France pour en faire un lieu de villégiature. C’est qu’en effet, Arsène d’Arsonval a bel et bien existé et a réellement succédé au grand Claude Bernard à la chaire de médecine expérimentale du Collège de France. C’est donc aux confins de la Haute-Vienne et de la Corrèze, à La Porcherie, que Michel Zink s’est imprégné de l’environnement de l’un de ses protagonistes.

Le résultat est remarquable, tant ce pastiche sonne juste. C’est un vrai roman policier à la française, très agréable à lire parce que très bien écrit. Mme Boespflug-Leblanc, descendante de Maurice Leblanc, n’a pas à regretter d’avoir autorisé Michel Zink à utiliser Lupin. Et d’ailleurs, qu’elle en soit ici remerciée !

Claire Laux
( Mis en ligne le 15/03/2004 )
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