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Littératureet Policier & suspense  

La Disparue de Colliton Park
de Minette Walters
Robert Laffont - Best sellers 2005 /  22 €- 144.1  ffr. / 434 pages
ISBN : 2-221-10241-X
FORMAT : 16x24 cm

Aux marges du thriller classique

L’intrigue du nouveau roman de Minette Walters entremêle les enquêtes sur deux crimes commis en 1970 dans la petite ville de Bournemouth, sur la côte anglaise : le meurtre sanglant d’une dame âgée, pour lequel son petit-fils déséquilibré a été condamné, et le viol d’une jeune fille, quelques jours plus tôt, par trois adolescents. Trente ans plus tard, Jonathan Hugues, anthropologue spécialiste des erreurs judiciaires, se décide à rouvrir ce dossier avec l’aide de Georgina, conseillère municipale pleine d’entrain.

Entre le jeune universitaire coincé et la détective amateur enjouée et quelque peu ridicule, les barrières de classe et les oppositions de caractère seront longues à surmonter. Mais leurs découvertes sur les étranges événements de juin 1970 les poussent à maintenir leur association, pour le pire et pour le meilleur…

Les amateurs de Miss Walters le savent : ses romans noirs, parmi les meilleurs de ces dernières années dans la profusion de nouveaux auteurs britanniques, valent par l’écriture, subtile et riche, et par la complexité des relations entre les personnages, dans laquelle se plonge le lecteur avec un réel plaisir. Bizarrerie spécifique à cet auteur : le suspense est efficace alors que l’intrigue criminelle présente assez peu d’intérêt. A ce titre, La Disparue… ne déroge pas vraiment à la règle : les liens entre les deux crimes sont rapidement établis, peu de coups d’éclats émaillent le récit. La résolution du mystère est menée pas à pas, sans la tension que l’on ressent par exemple chez Elisabeth George, autre reine du thriller à l’anglaise, à laquelle Minette Walters est fréquemment comparée.

Même si l’étude de caractère prime chez cet auteur, ce roman manque quelque peu de nerf pour réellement convaincre. Les deux personnages principaux, détectives du dimanche plongés dans une affaire qui les dépasse, sont très attachants, mais leur rencontre et les péripéties qui en découlent occupent près du quart de l’ouvrage… En outre, la découverte des clefs de l’intrigue s’effectue sur un rythme assez aléatoire : le lecteur s’y retrouve, il ne s’agit pas d’une question de complexité, mais le récit est trop parsemé de répétitions pour ne pas lasser, et le quota habituel de surprises et de volte-face auquel l’amateur lambda de polars est habitué fait cruellement défaut à ce roman.

Malgré ces réserves, La Disparue… reste un livre intéressant, peut-être justement par sa manière de balader le lecteur, en restant légèrement en dehors des balises du thriller classique, en privilégiant envers et contre tout la peinture des relations complexes entre ses personnages. Disons qu’on conseillera plutôt la lecture du Sang du Renard ou de Lame de Fond, deux des réussites majeures de Minette Walters, qu’on espère un peu plus inspirée au prochain rendez-vous…

Guillaume Blanco
( Mis en ligne le 27/05/2005 )
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