Littérature
Policier & suspense de Dan Simmons
Le Rocher - Thriller 2005 / 20.90 €- 136.9 ffr. / 366 pages
ISBN : 2-268-05405-5
FORMAT : 16x24 cm
Action !
Recette pour un polar américain classique : Prenez un détective privé tête dure, cœur tendre, en délicatesse avec les représentants de la loi, mais fidèle à l’honneur. Entourez le d’une secrétaire fidèle, efficace et qui n’a pas froid aux yeux, de policiers un peu lents, et animés d’attentions plutôt malveillantes à son égard ; ajoutez y la mafia, des truands en pagaille, un criminel psychopathe, des clochards indicateurs, quelques femmes, des voitures, des bars plus ou moins louches, un décor d’Amérique profonde, beaucoup de café et un peu de whisky, internet et téléphone portable pour figurer la modernité ; placez le tout dans l’ombre portée de la guerre du Vietnam augmentée de la guerre du Golfe et du traumatisme du 11 septembre, secouez, et suivez haletants une histoire menée à un rythme rapide, de rebondissements en nouvelles pistes. L’efficacité est assurée !
Peut-être certains feront-ils la fine bouche, habitués aux histoires policières, prétextes à des descriptions sociales ; rien de tel ici : Dan Simmons, qui s’est illustré dans la science-fiction (Hypérion, Ilium), écrit aussi des romans policiers. Après Vengeance (2001) et Revanche (2004), Une balle dans la tête est le troisième volet de la série policière dont le héros est le détective privé Joe Kurz. L’action se déroule à Buffalo, dans l’état de New York, dans une région ravagée par la crise et la désindustrialisation ; les jeunes y errent désœuvrés, de bar en bar, façades et voitures sont déglinguées.
Dans ce cadre désolé, Joe Kurz, ancien détective privé qui sort de dix ans de prison, se présente auprès de l’officier de justice qui suit sa réinsertion, la jolie Peg O’Toole. L’un et l’autre sont victimes d’une fusillade en règle en rejoignant leur voiture dans le parking, et à partir de là, tout va très vite : 367 pages d’une enquête qui à aucun moment ne laisse le lecteur en répit. Pour comprendre lequel des deux aurait était visé, tandis que Peg gît à l’hôpital entre la vie et la mort, Joe Kurz affronte à la fois la police et les chefs de la mafia locale : Angelina Farino Ferrara et Toma Gonzaga. Les souvenirs de son enfance fracassée reviennent par instants, ainsi que les débris de sa vie actuelle, ou de ce qu’il en reste après onze ans de prison. Au fur et à mesure du récit, le nombre des adversaires augmente et les pistes se multiplient, divergent, se rejoignent…
Toutes les règles du roman noir sont respectées, avec humour et une certaine distance, légèrement teintées de fantastique. Dan Simmons est un excellent conteur et on ne peut que souhaiter longue vie à Joe Kurz pour le suivre dans d’autres aventures.
Marie-Paule Caire
( Mis en ligne le 17/08/2005 )
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