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Littératureet Policier & suspense  

Bleu de chauffe
de Nan Aurousseau
Stock 2005 /  16.00 €- 104.8  ffr. / 177 pages
ISBN : 2-234-05860-0
FORMAT : 13,5x21,5 cm

Pas banal

Comment se faire éditer quand on est plombier et inconnu des milieux littéraires ? Réponse de Nan Aurousseau : en envoyant son manuscrit par la Poste, tout simplement ! Depuis le temps que ses amis le tannaient pour qu’il mette par écrit ses histoires de chantiers, un jour, il s’est décidé et a envoyé son œuvre à quelques éditeurs, avec, pour le rappeler, son nom et son téléphone... Pas de chance, à l’époque, Nan Aurousseau était au chômage et le téléphone en question a été coupé… Si bien que c’est par un bon vieux télégramme qu’il a appris la nouvelle : Bleu de chauffe, son premier roman avait plu, et Stock avait très envie de le publier.

Paru en novembre dernier, le livre se révèle être un succès. Il faut dire que Nan Aurousseau a un style bien à lui, fait d’un franc-parler bourré d’humour et d’un sens aigu de la petite phrase qui fait mouche : «Mon patron s’appelle Dolto. C’est un petit homme suave d’une quarantaine d’année, assez rond à l’extérieur mais géométriquement pourri et sans pitié à l’intérieur. Aidé par trois garçons baraqués, il vient de déménager le coffre-fort de l’entreprise. Le coffre-fort de son entreprise. Et cela de nuit, un mardi, alors qu’il était censé être en vacances. […] Il se croit malin Dolto, mais avec moi il a tout faux, il est tombé sur un os, un os de Mamout. Mamout c’est mon nom, moi je ne descends pas du singe, comme je dis toujours.»

Dans cette entreprise, le patron s’appelle donc Dolto et n’est jamais à court d’idées pour gagner de l’argent sur le dos des autres. Surtout sur celui de ses sous-traitants, étranglés jusqu’au dépôt de bilan, de ses employés, qu’il envoie bosser sans matériel, et de ses clients, particuliers ou offices HLM… Le grand perdant de l’histoire reste toutefois son associé, Dujardin, qui se réveille un matin avec «une perte sèche de cent vingt patates, sans rien pouvoir prouver juridiquement». Alors, forcément tout ça finira mal, dans la pure tradition du roman noir…

À mi-chemin entre polar, critique sociale et peinture de la vie quotidienne, Bleu de chauffe est avant tout poignant d’honnêteté. Nan Aurousseau y a mis beaucoup de lui : même si c’est un roman, son personnage principal lui ressemble beaucoup. Comme son héros, il est plombier. Et comme lui, il a fait de la taule. À 18 ans, l’écrivain était en effet en prison, fiché au grand banditisme pour des braquages commis dans des PMU et dans des banques. Aujourd’hui, à 54 ans, il entre en littérature et fait partie des finalistes du prix RTL-LIRE, remis à l’occasion du Salon du livre. Peu importe donc que l’on ait d’abord parlé de lui aux Assises plutôt que dans les chroniques littéraires. Après tout, comme il le souffle lui-même, «il faut bien commencer quelque part

Marion Siccardi
( Mis en ligne le 29/03/2006 )
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