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Littératureet   

La Serveuse était nouvelle
de Dominique Fabre
Fayard 2005 /  14 €- 91.7  ffr. / 147 pages
ISBN : 2213625913
FORMAT : 16x24 cm

Tranches de vie

Un bistrot, un garçon de café, célibataire endurci de 57 ans, son patron, plus jeune, la femme de celui-ci, Amédée, le cuisinier africain, le meilleur du quartier, et puis une serveuse, nouvelle, qui remplace Sabrina, l’ancienne, en congé maladie. Voici le décor, et pour tout dire la substance du dernier ouvrage de Dominique Fabre chez Fayard.

Un roman ? Non, plutôt un exercice de style en forme de récit, celui de Pierre, dit Pierrot ou Pierrounet, garçon de café au Cercle, à Asnières, qui observe le monde depuis son comptoir : les allers et venus de ses collègues, les démêlés conjugaux des patrons, la concurrence du café d’en face, les déboires et les petits bonheurs de clients, rien n’échappe à son regard tendre et désabusé, même s’il s’efforce de ne pas s’immiscer dans ces petits riens du quotidien, préférant se plonger avec effroi dans son propre passé.

Ce espace clos se fissure petit à petit et le narrateur s’évade bientôt vers les rues alentours, chez lui, au restaurant le temps d’un couscous, à Paris. Il pousse même jusqu’à Gennevilliers pour rendre une petite visite impromptue à sa collègue Sabrina, grippée. Mais c’est bien derrière son comptoir qu’il se replie, se recroqueville finalement : l’escapade aura été de courte durée.

Usé par les années de service, Pierre s’exprime dans un argot très banlieusard, qui tend à renforcer l’idée que La Serveuse était nouvelle est avant tout un exercice de style. La langue est parfois déroutante pour le néophyte, d’autant plus que l’écheveau du monologue intérieur n’est pas toujours facile à démêler. Mais cela ne dure guère, car de petits riens en micro-drames, on touche bientôt au terme du récit. De quoi faire passer le temps au cours d’un bref voyage en train, en somme.

De train il est d’ailleurs fréquemment question dans l’ouvrage puisque le Cercle se trouve en face de la gare d’Asnières, lieu idéal pour accueillir, le matin, le temps d’un café, les banlieusards en partance pour Paris et pour La Défense…

Raphaël Muller
( Mis en ligne le 22/08/2005 )
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