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Littératureet   

Une bonne éducation
de Sylvia Tabet
Editions Dialogues 2013 /  19.90 €- 130.35  ffr. / 237 pages
ISBN : 978-2-918135-79-1
FORMAT : 13,6 cm × 21,1 cm

Derrière les murs…

Alice, Anne, la narratrice, et Romain, le benjamin, forment une fratrie issue d’une lignée d’architectes. Ils appartiennent à la riche bourgeoisie et habitent Paris dans un bel immeuble donnant sur le Champ de Mars ; l’été, ils partent sur la côte normande.

Ce roman d’apprentissage déroule le fil d’une vie où, dès la petite enfance de la narratrice, la perception aiguë des prémices de la violence chez la mère engendre une peur viscérale qui ne la quittera plus. Quand la solidarité familiale se lézarde avec le départ du père aimant, ce tiers séparateur qui les protégeait, il faudra apprendre à rentrer à la maison avec ce nœud au ventre et supporter l’angoisse d’y vivre…

Dans ce contexte, les grands-parents sont des figures tutélaires qui entourent les enfants de leur présence rassurante. Ils peuplent la mémoire de souvenirs chaleureux faits de rituels : incontournables dégustations d’éclairs au chocolat chez le pâtissier, sorties cinéma, et ces grandes vacances dans la maison de campagne, loin de la mère. Les nurses jouent un rôle important en ouvrant l’horizon plombé des enfants sur d’autres perspectives. Enfin, les cours d’équitation donnent une sensation de liberté si dense qu’ils font naître une passion et - formidables échappatoires - permettent d’oublier l’anxiété. Adolescente, Anne s’interroge sur les silences qui cautionnent le comportement de la mère et sur toutes ces photos qui tapissent entièrement la porte du placard de sa grand-mère… L’identité juive s’inscrit alors dans l’histoire familiale avec son cortège de disparus.

Devenue adulte, épouse et mère à son tour, la narratrice garde de son enfance la culture - peinture, littérature et musique – mais aussi, dus au climat d’incertitude et d’angoisse dont elle s’est irrémédiablement imprégnée, d’anciens symptômes qui réapparaissent subitement lors d’un voyage redouté et trop longtemps différé.

Un roman délicat, intime et tout en nuance, qui se lit comme on feuillette un album photo, en pensant avec tendresse et nostalgie au souvenir des êtres aimés et du temps qui passe. Sylvia Tabet est peintre et écrivain. Elle a notamment publié Les Patientes (La Découverte, 2010) et L'Atelier rouge (Dialogues, 2010).

Marie-Claude Bernard
( Mis en ligne le 30/10/2013 )
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