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Littératureet   

Un tango en bord de mer
de Philippe Besson
Julliard 2014 /  9 €- 58.95  ffr. / 80 pages
ISBN : 978-2-260-02201-5
FORMAT : 13,3 cm × 20,6 cm

Retrouvailles…

Après l'adaptation de deux de ses romans pour la scène, L'Arrière-saison et Les Jours fragiles, Philippe Besson signe sa première pièce de théâtre avec Un tango en bord de mer. Nous sommes au bar d'un grand hôtel, dans une ville provinciale, près de la plage : deux hommes se rencontrent... Par hasard ?...

Lui, Stéphane, est un écrivain célèbre et adulé, la quarantaine passée, avec «une élégance qui se veut décontractée mais qui est en réalité très travaillée, pensée dans ses détails». L'autre, Vincent, est un jeune homme viril de vingt-deux ans, «un personnage de Pasolini mais très actuel, très profondément ancré dans la mode du moment» (p.7).

Leurs retrouvailles vont durer une partie de la nuit. Ils ont vécu une passion, un amour violent ; puis Vincent est parti sans explication, laissant Stéphane avec ses regrets et sa frustration. Ils sont séparés depuis deux ans et se revoient pour la première fois. La vodka aidant, l'ambiance feutrée et calme leur permet de se parler, de se dire des vérités sans concession, qu'ils ont tues jusqu'à maintenant, et des ressentiments accumulés, même si les émotions se sont apaisées.

Stéphane avoue avoir su tout de suite qu'il aimerait à la folie Vincent et que celui-ci le ferait souffrir avec l'innocence de la jeunesse. Cette nécessité s'est imposée comme une évidence. «Un garçon de vingt ans ne reste jamais longtemps avec un type de quarante. (...) Au fond il m'a échappé à l'instant précis où je l'ai vu» (p.16). Pour Stéphane, la plaie n'est pas tout à fait refermée. Vincent avoue qu'il a été impressionné par l'aura de son aîné, il lui apprendrait la vie, il s'identifiait à lui en quelque sorte. Il était attiré par sa puissance, sa sérénité, son intelligence. Il avait trouvé son Pygmalion.

Cette nuit, ils vont s'avouer les sentiments de jalousie, d'incompréhension, quand l'écrivain sublime ses livres et que l'autre se sent exclu. Ils vont enfin communiquer, entendre et écouter l'autre. Même si Philippe Besson axe son récit sur des amours masculines, chacun peut s'y reconnaître. Nous avons tous nos non-dits, nos peurs inavouables, nos secrets, notre besoin d'être aimés et appréciés. Les deux personnages ressemblent à des fauves qui se tournent autour mais qui ne demandent qu'à devenir des chats en mal d'amour, cherchant les caresses.

Cette première pièce est un huis-clos romantique, écrit d'une plume précise, élégante et subtile. L'auteur joue avec les mots, passant délicatement des ressentiments aux sentiments. Une pièce de théâtre à la fois légère et réaliste qui tient en haleine de bout en bout.

Eliane Mazerm
( Mis en ligne le 24/09/2014 )
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