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Beaux arts / Beaux livreset Peinture & Sculpture  

Canaletto
de J. G. Links
Phaidon 2005 /  39.95 €- 261.67  ffr. / 255 pages
ISBN : 0-7148-9431-1
FORMAT : 25,0cm x 29,0cm

Entre théâtre et peinture

Les toiles de Canaletto ornent les salles de la plupart des grands musées du monde. Indissociablement liées à Venise, les vedute du prolixe Giovanni Antonio Canal dit Canaletto ne cessent d’intriguer.

En 1982 déjà, J. G. Links tentait, en anglais, de percer le mystère de l’artiste vénitien né en 1697 et mort en 1768. Onze ans après une première version française, parue en 1994, les éditions Phaidon rééditent aujourd’hui la traduction de l’étude magistrale de l’historien d’art britannique décédé en 1997. Organisé selon un plan chronologique, permettant de retracer les principales étapes de la vie et de la carrière de Canaletto, l’ouvrage de J. G. Links est un véritable essai d’histoire sociale et culturelle. En effet, l’auteur examine les contextes vénitiens romains et londoniens dans lesquels évolua le peintre et décrit avec une grande finesse l’organisation du marché international de l’art en ce flamboyant XVIIIe siècle : les relations entre l’artiste et ses commanditaires, la conquête du public aristocratique britannique, désireux de garder trace des lieux visités au cours du fameux Grand Tour, le rôle joué par les intermédiaires, les efforts de Canaletto pour faire patienter les acheteurs et pour vendre ses toiles au mieux retiennent l’attention de l’auteur. Il montre en particulier que le prix des tableaux de Canaletto ne connut pas de forte hausse, alors même que la renommée de l’artiste allait croissante à partir des années 1730, mais qu’en revanche les dimensions de ses toiles se réduisirent notablement.

Les analyses techniques et iconologiques sont néanmoins bien présentes : J. G. Links souligne ainsi que Canaletto, qui débuta sa carrière en créant des décors de théâtre - spécialité familiale - fut l’un des premiers à utiliser le bleu de Prusse, couleur de synthèse récemment mise au point, et qu’il l’intégrait même dans la préparation de ses verts. Il souligne également que Canaletto ne fut pas le premier peintre de vedute –ces vues urbaines, si prisées au XVIIIe siècle- mais qu’il innova dès les années 1720 en s’éloignant des topoi du genre : à la représentation des monuments célèbres de la Piazza San Marco et de la Piazzetta, il préféra celle du grand canal et de quelques campi de la cité lagunaire. Peintre de Venise - ou plutôt peintre à Venise, puisque J. G. Links montre que pour l’artiste la recherche artistique passa longtemps avant le souci de la précision architecturale et topographique -, Canaletto fut également peintre de Londres où il se rendit en 1746, poussé par la guerre de succession d’Autriche, et où il séjourna, presque sans interruption jusqu’en 1755.

Passionnant, précis, richement illustré, l’ouvrage broché de J. G. Links réédité par les éditions Phaidon constitue l’étude de référence sur Canaletto et peut à bon droit être qualifié de classique. La chronologie, l’index des œuvres reproduites et de noms placés en fin d’ouvrage sont très appréciables, mais il faut toutefois regretter l’écart physique séparant bien souvent les blocs de texte et les reproductions des toiles qu’ils évoquent, décrivent ou analysent.

Raphaël Muller
( Mis en ligne le 23/05/2006 )
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