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L'Opéra de Vichy - Scène fastueuse de la Reine des villes d'eaux
de Josette Alviset, Fabien Noble & Antoine Paillet
Bleu autour - D'un regard l'autre Musée de l'Opéra de Vichy 2019 /  29 €- 189.95  ffr. / 251 pages
ISBN : 978-2-35848-138-0
FORMAT : 22,6 cm × 22,6 cm

Jean Lebrun (Préfacier)

Un bel opéra en province

Vichy, au centre de la France, dont le nom reste (pour son malheur) attaché aux heures noires de la Seconde Guerre mondiale, est aussi - et surtout - la ville découverte et en quelque sorte créée par Napoléon III et le second Empire. C’est également une «ville d’eaux», la «Reine des villes d’eaux», qui accueillit avec faste des touristes venus des colonies durant plus d’un demi-siècle.

De ce passé brillant reste un beau patrimoine architectural dont le très bel opéra, adjoint au casino inauguré en 1903. Son architecte, Le Coeur, secondé du jeune Lucien Woog et d’une équipe de jeunes décorateurs formés à l’Ecole des Arts décoratifs de Paris, construisit une salle de 1483 places, l’une des plus grandes de toutes les salles comparables en province, un luxe dédié à la clientèle de curistes qui s’y pressent de mai à septembre.

La programmation de l’époque est tout aussi ambitieuse et fait venir des spectacles parisiens de qualité. Comme dans toutes les villes d’eaux, la musique et les divertissements musicaux y tiennent une grande place, et sous le Second Empire, Isaac Strauss, surnommé «le Strauss français», a donné à Vichy de multiples spectacles.

Un temps interrompue par la guerre, la vie culturelle reprend à Vichy avec bonheur. La saison s’y déroule de mai à octobre, s’ouvrant sur la saison lyrique, et se clôturant avec la saison théâtrale ; spectacles lyriques et représentations théâtrales alternent, les troupes parisiennes (Théâtre Saint-Martin, Athénée, Comédie Française) viennent jouer pièces classiques et théâtre de boulevard. Un orchestre de cent musiciens assure les représentations musicales quotidiennes qui ont lieu en journée dans les parcs, et le soir à l’Opéra, et répondent aux attentes d’un public aisé, où dominent les «coloniaux» venus accomplir une cure thermale.

Distraire le curiste est le mot d’ordre, et Vichy se dote également d’équipements variés d’excellent niveau : hippodrome, régates nationales, tennis, golf, tir aux pigeons… pratique et spectacle du sport sont associés, alors que dans la ville les autres lieux de divertissement sont également nombreux : brasseries qui accueillent de petits orchestres, Elysée Palace, petit Casino, qui produisent des revues, des opérettes, etc. Vichy est alors le lieu d’une vie culturelle intense, le temps d‘une saison… 1935 est l’année d'une programmation particulièrement brillante, avec la tétralogie de Wagner, le premier Congrès international des compositeurs, entre autres…

Ces années brillantes s’interrompent avec la guerre, et la mémoire nationale a surtout retenu l’épisode du vote en faveur du maréchal Pétain par les parlementaires réunis dans la salle de spectacle. S’ouvre la sombre période du régime de l’Etat français (dont les Vichyssois refusent qu’il soit nommé «régime de Vichy», dénomination effectivement impropre…). Cette superbe salle vit alors des jours noirs dans les années 1950-1970, avant d’être sauvée par une belle restauration entreprise en 1994-1995. La salle retrouve alors son très beau décor Art Nouveau dû à Léon Rudnicki.

Les trois auteurs, Josette Alviset, Fabien Noble et Antoine Paillet, reprennent les heures fastes de l’établissement, analysent sa construction, en démontrent l’originalité, retracent son histoire méconnue en s’appuyant sur un très riche appareil documentaire et une belle iconographie.

Marie-Paule Caire
( Mis en ligne le 22/01/2020 )
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