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La Photo-carte - Portrait de la France du XIXe siecle
de François Boisjoly
Lieux Dits 2006 /  30 €- 196.5  ffr. / 159 pages
ISBN : 2-914528-23-X

L'auteur du compte rendu: Marion Perceval a suivi les cours de premier et de deuxième cycles de l'Ecole du Louvre (option histoire de la photographie). Elle prépare actuellement une thèse d'histoire des techniques sur les Sociétés d'amateurs photographes à la fin du XIXe siècle et la technique photographique.

Ancêtre du photomaton

Photographe professionnel, portraitiste, collectionneur, François Boisjoly vient de publier les recherches qu’il a effectuées dans le cadre de sa thèse sur une technique bien particulière de photographie qui apparaît et se développe dans la seconde moitié du XIXe siècle, la «photo-carte», aussi appelée «photographie carte-de-visite». En fait, il s’agit d’un portrait de petit format, découpé et collé sur carton. Le postulat de l’auteur est d’affirmer l’importance sociologique de cette nouvelle image, de petit format, d’un moindre coût, permettant aux classes moyennes un accès facile à la photographie. Ainsi, pour «le prix d’un seul portrait grandeur nature, le client emporte donc cent cartes de visite de quatre poses différentes lui permettant de distribuer généreusement son image» (p.32).

Effectivement, avec ce procédé émerge puis s’affirme un besoin, une culture de masse, qui va être en demande de connaître – et reconnaître - physiquement ses dirigeants. Napoléon III l’a rapidement saisi et se fait photographier par Disdéri (l’inventeur du procédé) puis diffuse son portrait. A sa suite, politiciens, artistes - les peintres autant que les acteurs – utiliseront ce moyen de reconnaissance publique.

Le livre de François Boisjoly se présente en deux parties : la première est plus scientifique, présentant dans une minutieuse étude le contexte dans lequel naît la photographie carte-de-visite, son invention par le portraitiste Disdéri qui en dépose le brevet en 1854 puis son évolution jusqu’à sa disparition. Autour de 1900, la carte-de-visite est supplantée par une autre technique révolutionnaire, l’ancêtre du photomaton qui la remplacera de façon définitive après la Première Guerre mondiale.

Cependant l’intérêt de cet ouvrage ne réside pas uniquement dans l’analyse sociologique et historique de la photo-carte. Le second chapitre est consacré au classement rigoureux par thématiques des photographies et à leur reproduction recto et verso, si celui-ci porte des informations importantes.

Le statut de collectionneur de l’auteur – le corpus étudié est constitué presque en totalité de sa propre collection forte d’environ 20 000 objets réalisés par 10 000 photographes – lui a permis de définir une typologie précise permettant de les dater. Aussi, comme le précise Jean-Luc Pinol, dans son introduction, «à l’inverse de l’habituel des pratiques historiennes, les sources écrites servent ici d’appoint à ce qui est la démarche première : l’étude de sources iconographiques.» (p.10). C’est probablement cette démarche qui rend cet ouvrage important, autant que le travail si complet effectué par l’auteur.

Marion Perceval
( Mis en ligne le 02/10/2006 )
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