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Guillaume Apollinaire - Paul Guillaume. Correspondance
de Guillaume Apollinaire et Paul Guillaume
Gallimard Musée de l'Orangerie 2016 /  19,50 €- 127.73  ffr. / 192 pages
ISBN : 978-2-07-017792-9
FORMAT : 16,0 cm × 22,0 cm

Peter Read, Laurence Campa (Préfacier)

Le poète et le marchand

Pendant quelques années, le poète Guillaume Apollinaire (1880-1918) et le marchand d'art Paul Guillaume (1891-1934) vont correspondre et ce jusqu'à la mort brutale du premier. Les deux hommes se rencontrent en 1911 et, pendant sept ans, ils se voient et s’écrivent.

Paul Guillaume devient en dix années l'un des marchands d'art les plus influents, ayant débuté sa carrière à l'âge de 19 ans ! Une carrière fulgurante d'autant qu'il est d'origine modeste. Le poète lui fait découvrir le Tout-Paris.

Cette correspondance montre ainsi comment les deux hommes collaborent ensemble. Grâce au poète, Paul Guillaume parvint à promouvoir les peintres modernes de son époque dans sa galerie rue de Miromesnil : Soutine, De Chirico, Derain, Gontcharova, Matisse, Picasso, Modigliani, Von Dongen. Il est l’un des premiers à organiser des expositions d’art africain, appelé à l’époque ''art nègre'', qui influencera grandement les surréalistes.

Ce n'est pas leur correspondance qui est essentielle ici (elle n’est guère passionnante en soi) mais plutôt le fait de découvrir par ce moyen comment les réseaux d'influence se créent et comment certains artistes sont mis en avant plutôt que d’autres, ce qui ne manque pas d’influencer l’histoire de l’art et l’histoire du goût, comme actuellement avec l’art contemporain.

Agrémenté de photos des œuvres d’art et de documents rares, ce livre expose donc les petites «tractations» des marchands d’art et des intellectuels. Il est dommage que cette correspondance ne parle pas de l’affaire Lacaze qui suivra. En 1920, Paul Guillaume épousera Juliette Lacaze (surnommé Domenica). Mais à sa mort en 1938, la collection de tableaux de Paul Guillaume est modifiée par son épouse qui s’est remariée avec l’architecte Jean Walter en 1938. Le testament de Paul Guillaume indiquait que si Domenica n’avait pas d’enfant, les tableaux iraient à une fondation mais celle-ci simula une grossesse et adopta un enfant (Jean-Pierre Guillaume). Ce dernier accusera le docteur Maurice Lacour, amant de Domenica, et son frère, de complot visant à l’assassiner. Si Lacour échappe à la prison, la collection écherra à l’État et sera présentée au Musée de l’Orangerie en 1984.

Le monde de l’art recèle des arrière-plans fort troubles…

Yannick Rolandeau
( Mis en ligne le 15/07/2016 )
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