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Almanach Dada ! - Edition bilingue français-allemand
de Richard Huelsenbeck et Collectif
Les Presses du Réel 2005 /  17 €- 111.35  ffr.
ISBN : 2-84066-144-6

L'auteur du compte rendu: Marion Perceval a suivi les cours de premier et de deuxième cycles de l'Ecole du Louvre (option histoire de la photographie). Elle prépare actuellement une thèse d'histoire des techniques sur les Sociétés d'amateurs photographes à la fin du XIXe siècle et la technique photographique.

Tout est Dada (1)

Dada est partout. Autour de l’exposition Dada au Centre Georges Pompidou, les ouvrages d’analyses historiques et artistiques fleurissent autour de ce thème. Pourtant les Presse du Réel, qui ont déjà réédité En avant dada, l’histoire du dadaïsme (Berlin 1920) en 2000, publient l’Almanach Dada, fac-simile du Dada Almanach de Richard Huelsenbeck en 1920 à Berlin. Mélange de langues (allemand et français, traduites dans la deuxième moitié du livre), de sons plus que sens, ce n’est ni un calendrier (au sens propre du terme «almanach»), encore moins un manifeste.

Pour écrire un manifeste, les artistes associés à cette aventure burlesque et nihiliste auraient dû se présenter comme un mouvement cohérent, tel le surréalisme qui naîtra des cendres de Dada. Or, Dada est multiple, géographiquement en premier lieu : au Cabaret Voltaire de Zürich, à Berlin, à Paris et ailleurs dans le monde. Tout et tous pouvaient se réclamer de Dada, sans faire allégeance à une idéologie prédéfinie et dominante. Dada est aussi multiple par ses actes : expositions, spectacles, pamphlets et périodiques.

Les premières manifestations ont lieu pendant l’horreur de la Première Guerre mondiale à Zürich, en 1916, au Cabaret Voltaire sous la houlette (notamment) de Tzara et Hugo Ball, Huelsenbeck et Richter, la provocation comme réponse à l’absurdité d’un monde incompréhensible. De Suisse, Dada diffuse dans le monde ses idées subversives sur la mort de l’art ou ses poèmes absurdes jusqu’en 1920. Cette date marque à la fois l’apogée du mouvement avec la grande exposition de Berlin et le début des combats idéologiques qui mèneront à sa division avec la naissance d’une branche radicale puis la fin du mouvement. C’est à Paris que les dernières apparitions ont lieu. Deux personnalités fortes s’affrontent, Tristan Tzara venu de Suisse représentant l’histoire de Dada et André Breton, à la tête d’une «tendance parisienne» plus littéraire. Les réactions du public et des autorités furent aussi violentes que les actes des artistes : des procès furent intentés.

L’Almanach Dada est publié en cette époque post-traumatique (en 1920), les textes sont les œuvres entre autres de Tzara, Francis Picabia, Richard Huelsenbeck ou Philippe Soupault. «Ce livre est un ensemble de documents de l’expérience dadaïste. Il ne soutient pas de thèse. Il parle de l’homme dadaïste mais il n’en fait pas un modèle.» (p.170). Ces mots de Richard Huelsenbeck témoignent de l’esprit de tout l’ouvrage. Toujours insolent, souvent drolatique, on peut encore aujourd’hui mesurer l’onde de choc qu’a dû provoquer Dada chez ses contemporains en voyant ce qu’il suscite chez nous.

(1) Dada est tatou, tout est Dada, titre d’un recueil de poèmes de Tristan Tzara

Marion Perceval
( Mis en ligne le 07/12/2005 )
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