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Le Musée invisible - Les chefs-d'oeuvre volés
de Nathaniel Herzberg
Toucan 2009 /  39.90 €- 261.35  ffr. / 203 pages
ISBN : 978-2-8100-0332-7
FORMAT : 26cm x 29cm

Le plus grand musée du monde

Journaliste au Monde, Nathaniel Herzberg a eu l’idée de consacrer un livre aux œuvres disparues, volées, pillées, détruites, jamais retrouvées. En couverture : ''Le concert'' de Vermeer, qui disparut dans un «casse» des plus audacieux : celui dont fut victime, dans la nuit du 17 au 18 mars 1990, le musée Isabella Gardner de Boston.

Le choix est thématique (Archéologie et Arts premiers, Arts religieux et arts décoratifs, Peintures, Classiques, Pré-impressionnistes et impressionnistes, modernes et contemporaines, sculptures). Picasso et le Gardner Museum, en raison de l’ampleur des dommages subis, se voient consacrer chacun un chapitre. Les oeuvres d’art ne sont pas uniquement victimes de vols, mais aussi de spoliations (1939-1945) et de destructions (les bombardements de la Seconde Guerre mondiale, le 11 septembre 2001). Nathaniel Herberg termine son travail sur une galerie de portraits qui présente quelques-uns des voleurs d’art célèbres.

En fait, la disparition des œuvres d’art dans les pillages, guerres et autres catastrophes n’est pas chose récente : le pillage des pyramides d’Egypte a commencé dès l’Antiquité, Constantinople en 1204, Rome en 1527… On n’en finirait pas d’énumérer les épisodes célèbres dans ce domaine : les soldats des guerres d’Italie à la Renaissance, plus tard les révolutionnaires et armées de l’Empire rapportèrent de multiples ''souvenirs'' de leurs expéditions…

Voler des pièces de collection peut supposer soit un goût particulier du risque soit une passion pour l’œuvre en elle-même. Ce qui caractérise deux voleurs étudiés dans l’ouvrage et qui sortent de l’ordinaire : Stéphane Breitwieser qui, de 1994 à 2001, déroba 230 tableaux et objets, et dont sa mère détruisit une partie lors de son arrestation. Naaman Diller, lui, restera dans l’histoire pour son cambriolage en 1983 de la collection du musée des Arts islamiques de Jérusalem : 106 pièces dont l’exceptionnelle ''montre de Marie Antoinette'', création de Breguet. Le plus souvent, le mobile est des plus banals, simplement la cupidité, tirer profit du butin, d’autant que l’envol du marché de l’art aujourd’hui autorise tous les espoirs dans ce domaine…

Autre question : comment écouler les objets volés ? Nathaniel Herzberg explique de façon claire les grandes lignes du droit international dans le domaine, et les raisons pour lesquelles tel ou tel pays (par exemple la Belgique), en raison de sa législation, a pu devenir une plaque tournante dans le trafic des oeuvres d’art. Les acheteurs ? De riches collectionneurs, toujours discrets… Les voleurs ? Des cambrioleurs et gangsters de tout poil mais aussi des hommes (et femmes) du sérail : conservateurs ou gardiens de musée, bien placés pour connaître les systèmes d‘alarme et leurs secrets.

Tous les moyens sont bons : brutalité mais aussi astuce. Ce n’est d’ailleurs pas nécessairement l’œuvre d’art en tant que telle qui est recherchée : dans le cas des sculptures, les ferrailleurs s’intéressent davantage à la valeur du matériau qu’au créateur ! Les musées sont la première cible des voleurs, mais aussi les lieux de culte, les châteaux et belles résidences. On retrouve parfois au hasard des arrestations ou des ventes aux enchères une partie des objets dérobés, mais, au total, davantage ont disparu pour toujours.

Un livre absolument passionnant, qui se lit comme une enquête policière. A défaut de retrouver les œuvres, on peut les revoir grâce à ce livre fort bien illustré.

Marie-Paule Caire
( Mis en ligne le 05/01/2010 )
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